TOUR D'HORIZON - Alors que gouvernement français prévoit de faciliter la création de péages urbains dans les grandes agglomérations avec un tarif plafonné à 5 euros pour les véhicules légers, LCI fait le point sur les villes qui ont déjà eu l'occasion d'affirmer leur position sur la question.
Le dispositif ne sera pas imposé. Alors que le gouvernement français prévoit de faciliter la création de péages urbains dans les grandes agglomérations, il reviendra aux villes, aux communautés de communes ou encore aux régions de trancher sur le sort de la collectivité en question. Dès janvier dernier, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, avait en effet exprimé le souhait de voir apparaître de tels péages, sur le même principe qu'à Londres ou à Milan, en levant les restrictions qui figurent aujourd'hui dans la législation. Ce souhait trouve sa traduction dans le texte mis en ligne ce mercredi, que Contexte présente comme la mouture définitive transmise au Conseil d'Etat. Et déjà, certaines villes concernées ont eu l’occasion d’affirmer ou de réaffirmer leur position à l’égard de ce système. LCI en a recensé quelques-unes.
A Toulouse, Paris et Rennes, c'est "non"
#LeTalk : " @Anne_Hidalgo est très claire sur le péage urbain : il ne peut pas etre installé aux portes de @Paris , la réflexion doit concerner toute la zone dense" — Emmanuel GREGOIRE (@egregoire) 18 octobre 2018
A Toulouse, la position est ferme : non au péage urbain. Jean-Michel Lattes, l’adjoint chargé des transports et des déplacements urbains à la mairie de Toulouse et vice-président (LR) de Toulouse Métropole, avait déjà annoncé la couleur en mars dernier lors d'un débat, relayé par La Dépêche. "Nous sommes, à la Ville et à la Métropole de Toulouse, opposés au péage urbain. Faire payer les habitants de banlieue pour venir dans Toulouse serait une pratique discriminatoire. Quels que soient leurs revenus, les banlieusards en paieraient le prix", avait-il déclaré.
A Paris, la position est plus nuancée. Si Anne Hidalgo s'est toujours opposée à ce dispositif, on apprend ce jeudi qu'à l’échelle de la métropole du Grand Paris, la mairie ne rejette pas totalement l’idée. "Anne Hidalgo est très claire sur le péage urbain : il ne peut pas être installé aux portes de Paris, la réflexion doit concerner toute la zone dense", a ainsi expliqué Emmanuel Grégoire, son premier adjoint, au Figaro. Du côté de la présidence de la région Ile-de-France, la question est déjà tranchée. "Cela couperait la région en deux en accroissant la fracture sociale et territoriale", avait expliqué il y a un an au Parisien Valérie Pécresse, "résolument contre" le dispositif.
La question du péage urbain n'est pas à l'ordre du jour à Rennes non plus, la Métropole ayant "d'autres leviers" en tête pour améliorer la qualité de l'air, comme "la massification du covoiturage du quotidien", a indiqué à Ouest-France Jean-Jacques Bernard, vice-président de Rennes Métropole délégué aux transports.
A Lyon, Lille et Bordeaux, "oui" mais ?
#PéagesUrbains "On incite les gens en les rémunérant. C'est un péage inversé. On les incite à ne pas prendre la voiture aux heures de pointe. Ils reçoivent ainsi 2€ à chaque passage" Bruno Cassette, DG des services de la Métropole de Lille #GGRMC — Les Grandes Gueules (@GG_RMC) 17 janvier 2018
Moins catégorique, certaines villes réfléchissent quant à elles à la question. Mais à certaines conditions ou sous d'autres formes. C'est le cas de Lyon, où l'on étudie depuis plusieurs années différents concepts de péage urbain. Mais plutôt qu'un "tarif de congestion" comme on l'appelle aussi, c'est l'idée d'un péage de transit qui se dégage depuis 2016. "On ne veut pas faire comme Londres, on ne va pas faire payer ceux qui rentrent, mais dissuader la traversée de Lyon", expliquait ainsi à Lyon Capitale, Jean-Luc Da Passano, vice-président de la Métropole de Lyon. En d'autres termes, seuls les camions et voitures qui traverseraient l'agglomération au lieu de la contourner par l'autoroute devraient s’acquitter d'une redevance.
A Lille, le projet de péage urbain positif, ou "péage inversé", devrait quant à lui être mis en place d'ici la fin de l'année. L'idée ? Récompenser d'un à deux euros par trajet, les automobilistes qui éviteraient d'utiliser leur véhicule aux heures de pointe sur les grands axes (A1, A25, A23, N41, A27, A22). "Chaque fois qu'ils évitent ces trajets, on leur donne deux euros", expliquait ainsi en janvier 2018 Bruno Cassette, directeur général des services de la métropole de Lille, à RMC.
Le péage inversé pourrait également être l'option retenue à termes par la ville de Bordeaux, des propositions en ce sens ayant été faites "dans le cadre des assises de la mobilité", avait expliqué en début d'année Christophe Duprat, vice-président de Bordeaux-Métropole en charge des transports à France 3 Nouvelle-Aquitaine.