Places de stationnement et bornes Autolib' : que vont-elles devenir ?

par Claire CAMBIER
Publié le 10 octobre 2018 à 19h04, mis à jour le 11 octobre 2018 à 17h29
Places de stationnement et bornes Autolib' : que vont-elles devenir ?

FLOU - Avec la fin d'Autolib, les communes où était mise en place cette offre récupèrent aujourd'hui 6200 places de stationnement et autant de bornes de recharge électrique. Que comptent-elles en faire ? LCI a posé la question aux maires, à chacun sa solution.

Article publié pour la première fois le 27 août 2018. Nous le republions après l'annonce par la mairie de Paris que certaines bornes Autolib' seront utilisables à  partir du 1er décembre pour un montant de 10 euros par mois afin de recharger sa voiture électrique de manière illimitée.

Depuis le 1er août, les stations Autolib’ ont grise mine. Peu importe l’heure, les câbles de chargement restent désespérément branchés sur leur borne et les fameuses "Blue car" ont disparu ou presque. La société Bolloré - jusque-là en charge du système d'autopartage francilien - a jusqu'au 31 août pour retirer ses véhicules de l'espace public. Destination la casse, pour la plupart. Ce sont désormais pas moins de 6200 places de stationnement qui sont dorénavant laissées en jachère dans la région – et autant de bornes de recharge. Une petite compensation pour les riverains ? Même pas. Ou tout du moins pas dans toutes les communes. LCI fait le point sur la situation.

Des bornes ... inutilisables ou presque

Les bornes reviennent bel et bien aux 103 communes dans lesquels Autolib s'était déployé, contrairement aux Bluecar qui sont la propriété de Bolloré. Mais comme rien n'est gratuit ici-bas, ces "biens de retour" ont dû être remboursés à l'industriel pour un montant non négligeable : une coquette somme de d'"environ 16 millions d'euros" selon Autolib. Rien que ça. Mais le problème est ailleurs. 

"Les bornes que nous allons récupérer ne seront pas connectées au système d’information" a expliqué  aux différents maires Catherine Baratti-Elbaz, présidente du syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM). La raison est toute simple : ce système d'information appartient à …  Bolloré. Alors oui, il est toujours possible de remettre en service ces bornes en les connectant au réseau électrique et en souscrivant un abonnement. "Mais sans système d’information, il n’y aura pas de données sur l’utilisation, pas de possibilité de refacturer à l’utilisateur…", prévient la responsable du SVAM. En clair, "ce serait une utilisation en accès libre, au frais de la collectivité". Une idée qui est loin d'enchanter les maires, déjà en proie à de nombreuses réductions de budget. Alors chacun applique sa propre solution.

Que vont devenir les voitures d'Autolib' ?Source : JT 20h Semaine

Des offres au cas par cas

À Paris, si la mairie a d'ores et déjà annoncé que les bornes seront accessibles aux conducteurs de véhicules électriques, il faudra attendre un peu. Le temps de lancer un appel d'offres et de mettre en place un nouveau système d'information capable de facturer les usagers. Et oui, on vous le disait rien n'est gratuit. "Cela devrait être effectif au début de l’année 2019", avance la mairie dans un communiqué.

Un peu plus à l'ouest, à Vélizy (Yvelines), ces bornes, "on a décidé de les garder", annonce également le maire. Si les cinq stations ne sont plus alimentés aujourd'hui, des discussions sont en cours avec le groupe Bolloré. Contrairement à Paris, les relations avec le géant industriel sont ici apaisées. Le coût de fonctionnement devrait être pris en charge par la ville. En attendant, un système parallèle de bornes de recharge vient tout juste d'être déployé. "Nous avons six bornes qui devraient être opérationnelles avant la fin du mois de septembre", avance Pascal Thévenot (LR). Une solution alternative décidée bien avant la fin annoncée d'Autolib'.  "Notre ville possède principalement du logement vertical donc on accompagne le véhicule électrique", précise M. Thévenot. Compliqué en effet de recharger sa voiture quand on vit en appartement. 

"On est vraiment dans le flou"

D'autres communes, se disent quant à elles "vraiment dans le flou", à l'instar de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). "On est en train d'étudier les possibilités", nous explique-t-on. Est-ce utile aux riverains? Qui va payer? La communauté d'agglomération est-elle prête à mettre la main à la poche? Autant de questions sans réponses, pour le moment. Alors, on attend. "Personne ne sait encore ce qu'on va en faire", souffle-t-on désabusé. Un gâchis d'autant plus rageant que la ville indique avoir beaucoup bataillé avec Bolloré pour obtenir la mise en place du système d'autopartage. Au final "trois petites bornes utilisées juste deux mois".

Des places de stationnement fermées ou à l'accès limité

Le flou persiste également à Saint-Denis en ce qui concerne les places de stationnement. En attendant qu'il ne soit dissipé, elles restent actuellement fermées. Pas forcément un souci : "on a beaucoup moins de problèmes de places depuis que le stationnement est devenu payant", s'amuse-t-on en coulisses.

Dans la capitale, où le coût du stationnement n'empêche pas la saturation, la commune a "décidé que les 3.244 places de stationnement qui sont actuellement dévolues à Autolib’ seront dédiées à terme aux Parisiens et aux Franciliens propriétaires d’un véhicule électrique ou utilisant un véhicule électrique en autopartage." Seule condition donc : que son véhicule arbore la vignette Crit'Air électrique. Pour le moment, ces places sont gratuites "dans la limite de six heures consécutives".  

Un cas de figure que l'on retrouve à Vélizy : "les places seront réservées aux véhicules électriques", précise le maire. Des places gratuites pendant deux heures, autrement dit "des places bleues, comme c'est le cas dans toute la ville". Pour autant, le déficit reste important selon l'édile. "On avait des bornes qui tournaient énormément", que ce soient des actifs ou des jeunes fêtards qui profitaient d'un moyen de locomotion à toute heure pour aller sur Paris. Après "l'arrêt brutal d'Autolib", la commune cherche d'autres solutions. "L'idéale, ce serait que la région puisse reprendre le service", car il est pour lui essentiel que le maillage comprenne Paris. "C'est ce qui en fait sa force". Les alternatives proposées dans la capitale et la petite couronne vont-elle s'étendre ? Le service Autolib' pourra être entièrement remplacé ? "Là il y a encore beaucoup de chemin à réaliser", reconnait le maire.


Claire CAMBIER

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