Pourquoi les Français sont-ils si nuls en anglais ?

Publié le 10 novembre 2015 à 7h00
Pourquoi les Français sont-ils si nuls en anglais ?

ÉDUCATION – Selon une étude que vient de publier le groupe Education First, la France se classe au dernier rang des pays de l'Union européenne en matière de compétences en anglais. What's going on ?

Les Français et la langue de Shakespeare, ça fait décidément deux (sur vingt). La nouvelle étude réalisée par le groupe Education First, qui mesure chaque année les connaissances en anglais de centaines de milliers d'adultes dans le monde - 910.000 personnes provenant de 70 pays différents (non anglophones) ont passé les tests qui ont permis d'établir ce classement publié la semaine dernière -, montre une nouvelle fois à quel point les Français ont du mal lorsqu'on leur demande autre chose que localiser "Brian in the kitchen" : nous sommes seulement 37e de ce classement, juste devant les Équatoriens et les Turcs mais derrière les Chiliens ou les Péruviens.

Pire, avec un "EPI" ("English Proficiency Index", Indice de compétence en anglais) de 51,84 sur 100 (il était de 52,69 points l'an dernier), contre 70,94 pour la Suède et 70,58 pour les Pays-Bas, les deux leaders du palmarès, nous nous classons même derniers parmi les Etats de l'Union européenne, étant les seuls parmi les pays du Vieux continent à appartenir à la catégorie "faible maîtrise". "La France est tellement à la traîne par rapport à ses voisins que ses niveaux de compétences en anglais sont comparables à ceux des pays situés à la périphérie de l'Europe", notent même les commentaires joints à l'étude .

Des "freins intellectuels"

"Nous menons cette enquête depuis huit ans et, d'année en année, nous voyons la France stagner, voire régresser", déplore Nenad Djokic, directeur général de la branche hexagonale d'Education First. C'est d'autant plus inquiétant que dans le même temps, d'autres pays comme l'Espagne l'ont dépassée : là-bas, les pouvoirs publics ont fait de l'apprentissage de l'anglais une priorité nationale, le plaçant au même niveau que celui des mathématiques et de l'Espagnol." C'est bien ce manque de priorité donnée en à l'anglais qui explique, selon Nenad Djokic, le retard français : "Ici, on ne veut pas donner trop d'importance à une langue en particulier, de peur que le français ne dépérisse au profit de l'anglais. Ces freins intellectuels sont absurdes : je ne pense pas qu'un Suédois soit moins Suédois parce qu'il est bilingue, ni que l'anglais ait jamais pris le dessus sur la langue suédoise".

Invité par metronews à réagir à cette étude, Natanael Wright, fondateur du Wall Street Institute France, spécialiste des cours pour particuliers et entreprises, est loin d'être surpris. Nos difficultés en anglais, il les résume d'abord par un rapide calcul : "Si vous considérez qu'un élève de terminale fait en moyenne 90 heures d'anglais par an, et qu'il y a 30 élèves par classe, cela donne à chacun l'opportunité de faire 3 heures d'oral par an. Là-dessus, les profs parlant la moitié du temps, un élève français pratique en moyenne 1h30 d'anglais à l'oral chaque année. Et encore, s'il a envie de parler..." Or, note-t-il, l'Education nationale, qui place l'écrit et l'apprentissage de la grammaire au premier rang, ne les incite pas à le faire. Autre blocage pointé par Natanael Wright : la trop forte présence de films en VF sur nos écrans. "Les pays qui progressent en anglais sont ceux qui ne font pas l'effort de traduire les films anglo-saxons et mettent uniquement des sous-titres, ce qui développe l'oreille des enfants dès le plus jeune âge", fait-il valoir. Et si la télévision française se mettait vraiment à la V.O ?

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Gilles DANIEL

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