Procès Bettencourt : la défense sonne la charge

Publié le 27 janvier 2015 à 14h06
Procès Bettencourt : la défense sonne la charge

JUSTICE - Au deuxième jour du procès de l'affaire Bettencourt, les avocats des dix prévenus font tout pour reporter le procès. Instruction à charge, témoin crucial mis en examen pour faux témoignage... Ils ne manquent pas d'arguments.

Les débats n'ont pas encore commencé et pourtant, c'est une véritable passe d'armes qui se joue dans la grande salle G du tribunal de Bordeaux ce mardi. Au lendemain de l'ouverture du procès de l' affaire Bettencourt , prévu pour durer cinq semaines, le doute plane encore sur sa tenue ou non. Et pour cause, les avocats de la défense font tout pour le reporter.

Ce mardi matin, ils ont essuyé un premier échec : le tribunal de Bordeaux a en effet rejeté la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée la veille par les avocats de François-Marie Banier et Patrice de Maistre , respectivement ami et ancien homme de confiance de la milliardaire Liliane Bettencourt, tous deux mis en examen pour abus de faiblesse et blanchiment. Leurs avocats comptaient sur cette QPC (portée sur la question du blanchiment) pour reporter le procès. Mais le tribunal a estimé ce mardi matin que la question "ne revêtant pas un caractère sérieux", ne méritait pas d'être transmise à la Cour de cassation.

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L'instruction du juge Gentil, une "horreur"

Le procès peut donc continuer. Enfin, presque. Car les nombreux avocats de la défense (ils sont une vingtaine) n'ont pas dit leur dernier mot. Et ce mardi, devant une Françoise Meyers impassible, toujours cachée derrière ses grandes lunettes et encadrée de ses deux fils, assise au près de ceux qu'elle accuse d'avoir profité de sa richissime mère, les avocats ont fait leur show. Oui, ont-ils argué pendant près de trois heures, il faut reporter ce procès. Avocat de François-Marie Banier, Pierre Cornut-Gentille s'est ainsi employé pendant de longues minutes, avec calme et précision, à démonter l'instruction menée par le juge Jean-Michel Gentil, qu'il juge uniquement "à charge". "Elle porte la marque d'un grand mépris pour la défense", gronde-t-il.

Puis vient à la barre Me Pierre Haïk, conseil de Patrice de Maistre. S'enflammant littéralement au micro et n'hésitant pas à taper sur la table devant un président du tribunal imperturbable, l'avocat dénonce l'"horreur" qu'est l'instruction du juge contre son client. "J'ai mal au ventre, j'ai mal à la tête, j'ai mal partout", clame-t-il avec une emphase qui décroche quelques sourires dans l'audience.

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Également avocate de Patrice de Maistre, Me Jacqueline Laffont prend le relais et demande le report du procès en attendant la fin de l'instruction menée à Paris contre Claire Thibout pour faux témoignage. L'ex-comptable de Liliane Bettencourt est en effet un témoin central de l'affaire. "Peut-on juger un homme sur le fondement d'accusation d'une femme soupçonnée de faux témoignage ?", interroge l'avocate. Ne pas reporter ce procès serait "une atteinte au droit de la défense", conclut-elle d'un ton grave. Au même moment, nouvelle étape d'une mécanique bien huilée, l'avocate de l'ex-ministre du Budget Eric Woerth se lève : elle déclare "s'associer à ces observations". Désormais, c'est au tribunal de trancher. Les armes de la défense, elles, sont en tout cas bien aiguisées.  


La rédaction de TF1info

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