Procès Bettencourt : le phénomène François-Marie Banier entre en scène

Publié le 28 janvier 2015 à 14h17
Procès Bettencourt : le phénomène François-Marie Banier entre en scène

JUSTICE – Le procès Bettencourt, qui se tient à Bordeaux, est enfin entré dans le vif du sujet ce mercredi, au troisième jour d'audience. Ex-confident de la milliardaire, François-Marie Banier a été le premier prévenu auditionné. Et a donné à voir sa personnalité haute en couleurs.

Enfin. Enfin, après des années d'un feuilleton rocambolesque, on découvre la personnalité de celui qui est au cœur de l'affaire dite Bettencourt. Et François-Marie Banier n'a pas déçu. Appelé le premier à la barre, ce mercredi matin au troisième jour du procès qui débute à Bordeaux, celui que la fille de la milliardaire Liliane Bettencourt accuse d'avoir abusé, pendant des années, de la faiblesse de sa mère, a fait le show. Alternant violents coups de sang et longues déclamations élégantes, dissertant sur sa vie comme sur une œuvre d'art, le photographe et ex-confident de Lilliane Bettencourt a donné à voir sa personnalité complexe... Et haute en couleurs.

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Invité à parler de sa vie, de son parcours, l'homme se prête volontiers au jeu. Mains jointes dans le dos, en costume noir et chemise blanche, il se raconte comme un personnage de roman. Déclamant comme un acteur de théâtre, avec un vocabulaire riche et élégant, il n'hésite pas à se comparer à Stendhal, à citer Picasso. Et raconte comment il a fait naître des stars, comment il a su se rendre indispensable auprès des grands : Françoise Giroud, Yves Saint Laurent ou Pierre Cardin. Avec, parfois, un soupçon de dédain. Comme quand le président, perplexe, lui demande pourquoi il garde ses trois cent tableaux de maître au coffre. Le collectionneur répond alors, un sourire aux lèvres : "Une question bien française... Je ne vais pas tout accrocher". Avant de glisser : "Je n'ai pas ce côté m'as tu vu". On est tenté de sourire.

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"Une affaire de succession montée avec des mensonges"

Mais c'est un fait : François-Marie Banier captive l'audience. Au fil de l'interrogatoire, on comprend de quoi parlent ses amis, comme ses ennemis : ce pouvoir de séduction qui fait de lui, incontestablement, un homme peu ordinaire. Mais a-t-il usé de ce pouvoir pour manipuler la vieille dame ? C'est ce que doit déterminer le tribunal. Non, se défend-il avec acharnement, il n'est pas un "homme d'argent", pas un "dandy comme le présente la presse". Non, il est avant tout un artiste qui a rencontré le succès. Sans cesse, il parle de son œuvre. Non sans un certain orgueil. De ses photos ("j'en prends trois mille par mois"), de ses livres, de ses "collages", de ses expositions qui font un carton plein. Une façon de convaincre le tribunal que l'art passe avant tout. Et surtout avant l'argent. Car c'est bien de cela dont il est question.

Il le répétera à plusieurs reprises : "Je n'avais pas besoin des Bettencourt. L'argent, j'en avais. Mais cela faisait plaisir à Liliane de m'en donner. Elle voulait que je me consacre à mon art, et que je ne pense pas à vendre". Celle qu'il qualifie d' "amie intime" mais aussi de "mécène" lui aurait fait don de près de 400 millions d'euros. "Nous étions heureux, souligne-t-il, jusqu'en 2007 et le coup de poignard". Ce coup de poignard, c'est la plainte déposée cette année-là par la fille de la milliardaire, Françoise Bettencourt Meyers. Banier s'emporte. Crie. Agite ses lunettes, serrées dans ses mains. "Tout ceci est une affaire de succession, montée avec des mensonges !" Assise au premier rang, immobile, la fille de Liliane Bettencourt n'aura aucune réaction durant l'audition. Le spectacle offert ce mercredi ne fait que commencer. Le procès est prévu pour durer cinq semaines. Il promet d'être animé.

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La rédaction de TF1info

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