Qui se cache derrière le rassemblement calaisien de soutien au général Piquemal, interdit par la préfecture ?

Anaïs Condomines
Publié le 18 février 2016 à 19h15
Qui se cache derrière le rassemblement calaisien de soutien au général Piquemal, interdit par la préfecture ?

MANIFESTATION – Alors qu'à Calais, une manifestation de soutien au général Christian Piquemal vient d'être interdite, les organisateurs souhaitent la maintenir malgré tout. "Metronews" s'est penché sur les sulfureux soutiens de ce leader anti-migrants.

A Calais, les manifestations se suivent… et se ressemblent. Quinze jours après l'arrestation du général Christian Piquemal lors d'un rassemblement interdit par la préfecture et organisé par le mouvement islamophobe Pegida, le centre-ville pourrait bien être le théâtre d’une nouvelle séance de protestations, samedi 20 février. C’est en tout cas l’ambition affichée par plus de 600 personnes, regroupées depuis une dizaine de jours sur la page Facebook intitulée "Calais 20 février 2016". Son but ? Il est en réalité assez flou. Mais une chose est sûre : il entend réunir, sous une seule et même bannière, des "Calaisiens en colère" et des anciens militaires.

Un rassemblement que les autorités locales ne voient guère d’un très bon œil. Dès lundi, la maire de Calais Natacha Bouchart (LR) s’était fendue d’une réponse à l'organisateur indiquant qu’à cause d’une "compétition de football", se tenant elle aussi au stade du souvenir ce jour-là, cette manifestation "ne pourrait pas avoir lieu". Ce jeudi 18 février, la préfecture du Pas-de-Calais a eu le dernier mot. Elle a choisi d'interdire ce rassemblement, à cause "d'un risque très important de confrontation violente (...) de nature à créer des troubles graves à l'ordre public". 

"Marre que rien ne bouge"

Derrière cet appel au rassemblement, un certain Willy Destierdt. Pour tenter d’en savoir plus sur ce projet de manifestation, metronews a contacté cet ancien militaire de 59 ans, originaire de Gravelines (Pas-de-Calais). Au téléphone, il nous décrit son parcours de vie pour le moins chaotique. Un temps "parachutiste pour la Légion", Willy Destierdt s’est ensuite retrouvé à la rue pendant quatre ans avant de passer par la case prison. Il reconnaît avoir été condamné à trois ans de réclusion pour cambriolages "en 1985 ou 1986". Ce père de sept enfants a désormais quitté Calais – où il a résidé pendant longtemps – et refait sa vie en Ardèche. A propos de sa situation actuelle, il précise : "Je suis au RSA, j’essaie de lancer ma propre affaire dans la restauration rapide".

Quant au rassemblement qu’il entendait impulser, Willy Destierdt explique : "D’abord, il s’agit pour les anciens militaires de se réunir pour soutenir le général Christian Piquemal et déposer une gerbe sur le monument aux morts, en l’honneur des soldats tombés pendant la seconde guerre mondiale. Le second objectif, il est plus large : il s’adresse à tous les Calaisiens qui en ont marre que rien ne bouge, qu’aucune promesse politique ne soit tenue". Celui qui ne dispose plus du droit de vote depuis ses années passées derrière les barreaux entendait organisait un événement qu’il souhaite "apolitique, sans appartenance religieuse ni syndicale et sans appel à l’émeute ou à la haine."

Liens avec l'extrême droite ?

Vraiment ? Car parmi les soutiens qui ont affiché leur participation au rassemblement, plusieurs sont des habitués des manifestations d’extrême-droite. On note notamment la présence d’un certain Kevin Reche, à la tête du collectif "Sauvons Calais", ouvertement hostile à l’immigration. Ou encore de David Rougemont, dont l’altercation avec un groupe de soutiens aux migrants a été filmée et postée sur Internet. Son fils Gaël, lui aussi filmé un fusil à la main face aux migrants, pourrait connaître de probables poursuites judiciaires. Parmi les pages "likées" par l’administrateur de cette page Facebook, on retrouve d’ailleurs le groupe de soutien à David et Gaël, tenue par l’association "Solidarité pour Tous", qui se revendique proche de la Manif pour Tous et veut collecter des fonds pour venir en aide aux Calaisiens "victimes des migrants".

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Le reste des participants, comme le montre la capture d’écran ci-dessous, affiche sans complexe son soutien au Front national et au général Christian Piquemal : 

"On le fera quand même"

Interrogé sur ces embarrassants soutiens, Willy Destierdt, qui se targue d’avoir "réuni sous une même bannière 4 ou 5 collectifs pour parler d’une seule voix", assure ne plus se souvenir précisément des collectifs en question. "Je suis tout seul pour porter l’organisation du rassemblement" justifie-t-il. 

A présent que la préfecture a interdit la tenue de cette manifestation, l'organisateur invite sur Facebook à "une grande promenade citoyenne" pour contourner la consigne. "On peut nous interdire de nous rassembler, pas de nous promener" avance-t-il. De toute façon, Willy Destierdt semblait avoir en tête depuis le début de descendre dans la rue malgré tout. Avant l'arrêté préfectoral, il nous confiait déjà, sûr de lui : "S’ils refusent le rassemblement, on la fera quand-même. Vont-ils prendre le risque de matraquer et de gazer des anciens militaires ?"

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Anaïs Condomines

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