Réforme du bac et Parcoursup : pourquoi les enseignants sont en grève ce mardi

Anaïs Codnomines
Publié le 6 février 2018 à 7h51, mis à jour le 6 février 2018 à 7h57
Réforme du bac et Parcoursup : pourquoi les enseignants sont en grève ce mardi
Source : Philippe Huguen / AFP

GRÈVE - Mardi 6 février, les professeurs du second degré seront dans la rue pour protester contre les réformes successives du baccalauréat et de l'entrée dans les études supérieures. Plusieurs syndicats dénoncent une sélection et un "tri social" des élèves.

Après une première journée de mobilisation le 1er février, le corps enseignant ne baisse pas la garde. Mardi 6 février, les professeurs de lycées sont appelés par plusieurs syndicats à descendre à nouveau dans la rue. Dans leur viseur, les différentes réformes du bac et de l’enseignement supérieur, qui dégradent selon eux le droit des lycéens et leurs propres conditions de travail.

"Les revendications sont nombreuses car les attaques sont conjointes." Julie Le Mazier, militante Sud Education dans le Val d’Oise, sera de la partie ce mardi. Parmi ses revendications figure notamment le retrait du plan étudiant – ou projet de loi relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants – portant sur la réforme de l’admission post-bac (APB). Ce texte, déjà adopté par l’Assemblée et qui doit être examiné au Sénat cette semaine, n’est autre qu’une "forme de sélection à l’université" selon le syndicat. "Elle va de pair avec la réforme du bac", envisagée par le rapport Pierre Mathiot rendu le 24 janvier dernier, poursuit Julie Le Mazier. 

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Une même logique : trier socialement les élèves
Julie Le Mazier, Sud Education

"Ces deux textes participent d’une même logique : trier socialement les élèves", explique-t-elle. "Le gouvernement pourrait faire disparaître les filières (L, ES, S, etc. ndlr) mais dans les faits, une multitude de petites filières vont les remplacer." Le rapport Mathiot préconise en effet de faire la part belle aux majeures et aux options, choisies par les élèves, et ce dès le 2ème semestre de la seconde, suivant l'idée également formulée par le rapport de découper désormais l'année en deux parties. Si Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale, doit encore se positionner sur ces propositions, il a déjà acté une réforme : le baccalauréat, à partir de 2021, ne comportera plus que 4 épreuves. Or, pour les syndicats, "cela induira des différences entre ceux qui sont bien entourés pour choisir les bonnes options, et les autres". Résultat : une "reproduction sociale favorisée et des choix déterminants pour les études supérieures effectués très tôt."

"Ce sont deux étages d’une même fusée", explique de son côté Clément Poullet, secrétaire fédéral de la Fédération nationale de l’enseignement de la culture et de la formation professionnelle Force ouvrière (FNEC FP FO). Une fusée "qui organise et généralise la sélection en amont, dès le lycée, et en aval, car les universités pourront définir leurs attendus et leurs critères locaux. C’est un processus de sélection par l’argent, une mise en compétition des élèves." Et le syndicaliste de s’interroger :  "Faudra-t-il désormais fournir une lettre de recommandation d’un cabinet d’avocat pour entrer en fac de droit ?"

Une "mise en concurrence des disciplines" ?

Autre revendication de ces profs en colère : que cesse "la dégradation de leurs conditions de travail". Là encore, les syndicats Sud et FNEC FP Force ouvrière livrent un même son de cloche : "La réforme de l’APB (transformée en Parcoursup, ndlr) est mise en application avant même d’être votée", explique Julier Le Mazier. Or, elle induit des tâches supplémentaires comme la rédaction de fiches avenir et un accompagnement accru des lycéens." Une réalité qui, craignent-ils, pourrait s’accompagner d’une "mise en concurrence des disciplines les unes avec les autres " et une baisse du volume horaire par matières, si toutefois l’organisation du travail au lycée était effectivement découpée par semestres. Rendez-vous le 14 février, pour savoir ce que le ministre en aura retenu, après consultation des syndicats.


Anaïs Codnomines

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