Sarkozy mis en examen : "La justice serait en faute si elle n'enquêtait pas"

Publié le 2 juillet 2014 à 19h05
Sarkozy mis en examen : "La justice serait en faute si elle n'enquêtait pas"

INTERVIEW - La mise en examen de Nicolas Sarkozy a déclenché la colère de ses proches, qui dénoncent un acharnement de la justice. Virginie Valton, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats, explique à metronews que cette procédure judiciaire est pourtant normale.

Claire Thépaut, l'une des deux magistrates chargées du dossier des écoutes , est dans le viseur des proches de Nicolas Sarkozy. Ceux-ci l'accusent d'être partiale et de s'acharner contre l'ancien président, mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi pour corruption et trafic d'influence actifs. Virginie Valton, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats, assure à metronews que la procédure en cours est conforme à la justice.

Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on dénonce un acharnement judiciaire de la juge Thépaut  à son encontre. Comprenez-vous ces attaques?
Non, la procédure judiciaire en cours est tout à fait normale. A partir du moment où des éléments laissent penser que Nicolas Sarkozy a peut-être pris part à une infraction, il est comme tout citoyen censé devoir et pouvoir s'exprimer devant la justice. Là, l'enquête se penche sur des faits particulièrement graves - mettant en cause deux magistrats, un avocat et un ex-président de la République. Devant de telles infractions présumées, ce serait une faute de la part de la justice de ne pas enquêter.

Cette enquête peut néanmoins salir l'image de l'ancien président…
Etre l'objet d'une enquête ne préjuge pas d'une culpabilité. Les investigations pourront mener à un procès devant un tribunal ou à un non-lieu. Il faut que la lumière soit faite dans un sens ou dans un autre. En cas de non-lieu, Nicolas Sarkozy sortira blanchi de ces accusations, comme cela avait été le cas dans l'affaire Clearstream. En cas de poursuites devant un tribunal, la force de l'indépendance de la justice capable d'enquêter sur des puissants sera démontrée.

Le fait que Claire Thépaut soit membre du Syndicat de la magistrature, marqué à gauche, ne peut-il pas créer la confusion?
Non, ce n'est pas parce qu'on a des prises de position qu'on ne sait pas s'en abstraire au moment où on juge. Ce sont bien deux choses différentes. Et puis on ne peut pas interdire aux magistrats de penser et d'avoir une opinion politique. De toute façon, Claire Thépaut n'agit pas seule puisqu'elle instruit ce dossier avec la juge Patricia Simon. Cela leur permet d'exercer un contrôle réciproque pour éviter qu'il y ait une partialité.

Après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, Claire Thépaut avait semblé se réjouir dans Mediapart. Ces considérations politiques ne peuvent-elles pas interférer avec son travail ?
Non car à ma connaissance, jamais Claire Thépaut n'a montré ses convictions personnelles dans le cadre de ses fonctions juridictionnelles. Les magistrats ont le droit de s'exprimer comme n'importe quel citoyen. Mais dans l'exercice de leurs fonctions, ils ont une obligation déontologique de faire preuve d'impartialité et de faire fi de leurs opinions politiques. Cela dit, pour éviter le problème, de notre côté à l'Union syndicale des magistrats, nous avons adopté le statut de l'apolitisme.

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La rédaction de TF1info

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