Scandale du médicament Vioxx : "C'est la copie conforme du Mediator"

Publié le 1 avril 2016 à 17h30
Scandale du médicament Vioxx : "C'est la copie conforme du Mediator"

SANTE - Une plainte pénale déposée ce vendredi à Paris par Me Didier Jaubert réveille le scandale Vioxx. Contacté par Metronews, l'avocat s'étonne qu'un médicament responsable de dizaines de milliers de morts dans le monde ne soit pas reconnu dangereux en France. Pour lui, il s'agit de l'aïeul de Mediator.

Comme le révèle Le Parisien ce vendredi, une plainte pénale déposée ce jour à Paris par Me Didier Jaubert relance le débat autour du médicament Vioxx. Commercialisé entre 2000 et 2004, cet anti-inflammatoire "miracle" est tenu pour responsable de la mort d’au moins 40 000 personnes aux Etats-Unis et 60 000 dans le monde, d'après les chiffres de l'agence américaine du médicament.

Outre-Atlantique, Vioxx est également reconnu responsable de dizaines de milliers d’infarctus et d’accidents cardiovasculaires (AVC). En France, seules quelques expertises ont été menées à la demande du tribunal de grande instance de Paris, indique le quotidien , mais aucun médecin ni expert ne reconnait clairement le caractère dangereux de ce médicament. Un rapport daté de 2013, écarte même le lien entre les problèmes de santé d’une trentaine de victimes demandant réparation et Vioxx.

Dysfonctionnement de la pharmacovigilance française ?

Interrogé par Metronews, Me Jaubert évoque "une crise sanitaire" passée sous silence. Le client qu'il défend, un homme âgé de 40 ans en bonne santé, sportif et adepte des marathons, a souffert d’un infarctus en 2004, après avoir pris Vioxx pendant un an. "C'est la signature des personnes décédées aux Etats-Unis, fustige-t-il, et en France, on estime que le Vioxx n’est pas un problème". Comment expliquer qu’un médicament reconnu comme dangereux, voire mortel aux Etats-Unis, ne le soit pas en France ?

"Pour deux raisons", répond Me Jaubert. "Parce que la pharmacovigilance (l’activité consistant à enregistrer et évaluer les effets secondaires d’un médicament, ndlr) ne fonctionne pas. Les différents relais (des médecins à la pharmacie) ne permettent pas de tirer le signal d’alarme lorsqu’un médicament n’est pas bon". La seconde raison pousse l’avocat à s’interroger : "Les experts sont-ils indépendants ?" Celui-ci évoque en effet de possibles "conflits d’intérêt" entre les experts, les autorités de santé et les laboratoires, mais comment savoir ? Puis comment retirer de la vente un médicament qui rapporte deux milliards de dollars par an ? Aux Etats-Unis, on appelle cela un "blockbuster", comme au cinéma.

Vioxx, l’aïeul de Mediator

Manque de courage de la part des autorités de santé, enjeux économiques, business, conflits d’intérêt entre les différents acteurs… Difficile de comprendre pourquoi Vioxx n’a jamais été reconnu dangereux en France. "Comment peut-on affirmer qu'aucune donnée ne permet de dire que ce médicament présentait plus de risques que les autres anti-inflammatoires neuf ans après son retrait mondial du marché, sous la pression des autorités sanitaires américaines ?", interroge Me Jaubert.

Pour lui, Vioxx est l’aïeul de Mediator. "C’est sa copie conforme. Nous n’avons pas tiré les leçons de Vioxx pour prévenir Mediator". Ce vendredi, Didier Jaubert a déposé "une plainte pénale pour délit d’entrave à la justice" et demande "une nouvelle expertise indépendante pour examiner chaque cas". "Si je compare les chiffres des Etats-Unis, rapportés à la France, on devrait avoir au moins 5000 personnes pouvant prétendre à une indemnisation et environ 2000 décès. Soit autant que pour Médiator à six ans d’intervalle."

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La rédaction de TF1info

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