"Se loguer", "zadiste", "solutionner" : "La langue française n'est pas gravée dans le marbre"

Publié le 15 mars 2016 à 8h30
"Se loguer", "zadiste", "solutionner" : "La langue française n'est pas gravée dans le marbre"

HIPSTER - Ces mots n’existent pas et pourtant on les emploie tous les jours. Certains sont des fautes, d’autres des néologismes issus des nouvelles technologies. Deux amis ont compilé tous ces (nouveaux) termes dans un "Dico des mots qui n’existent pas (mais qu’on utilise quand même)". Rencontre.

"Tu reveux du pain ? Du verbe reveuter ?" Tout est parti d’une blague. Deux amis ont compilé dans un Dico des mots qui n’existent pas (mais qu’on utilise quand même) les termes employés fréquemment qui ne sont pas le dictionnaire. Olivier Talon, chercheur en biologie, et Gilles Vervisch, agrégé de philosophie, ont ainsi identifié 200 mots et expressions, entendus ou lus dans leur entourage, les médias, de la bouche d’hommes politiques . Et ils n’ont rien inventé : "On s’est rendu compte que le langage parlé ne correspondait pas forcément à la langue académique", explique Gilles Vervisch. Ces mots sont pour la plupart des fautes, comme "croiver" ou "au jour d’aujourd’hui", mais aussi des néologismes comme "représidentialiser".

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"Certains ont des raisons d’être car il n’y a pas d’équivalent ou ils évitent les périphrases. D’autres sont des fautes ou ont déjà leur correspondance comme pour "solutionner" il existe "résoudre"", détaille Gilles Vervisch. Alors que les fautes ne rentreront jamais dans le dictionnaire, certains mériteraient d’y être. "Les mots liés aux nouvelles technologies ont vocation à entrer dans le dictionnaire", assure Gilles Vervisch. D’ailleurs, quelques termes de leur cru ont été introduits dans Le Robert, comme "conspirationniste". "Quand un mot entre dans le dictionnaire, on le retire du nôtre. En revanche, on en garde comme "pipolisation" car on n’était pas d’accord avec la définition donnée", raconte le co-auteur.

"La langue n’est pas gravée dans le marbre"

Gilles Vervisch ne considère pas que les dictionnaires sont à côté de la plaque, mais reconnaît que certains sont à la traîne : "Par exemple, il n’y a pas "réécouter" alors qu’il y a "podcaster"", souligne-t-il avec une certaine incompréhension. Le Dictionnaire des mots qui n’existent pas est d’abord une photographie de l’époque : "Le parti pris du dico est de dire que la langue n’est pas gravée dans le marbre. Petit, on croit qu’il n’y a qu’une façon de parler, alors que, notamment avec les nouvelles technologies, on se rend compte que la langue évolue très vite", explique Gilles Vervisch. Les mots n’ont donc pas vocation à rester, certains vont sans doute disparaître de l’usage rapidement, comme "bravitude" créée par Ségolène Royal.

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Mais loin de vouloir être trop sérieux, les auteurs adoptent un ton humoristique et décalé : "Ce n’est pas un dictionnaire normatif, il y a un certain deuxième degré, pour que les gens s’étonnent et découvrent les failles qu’ils emploient. On se moque." Et les mots de demain alors ? "Déradicalisation et Brexit. Ce sont des mots dont on n’a pas fini d’en entendre parler, vu la situation", tranche Gilles Vervisch. Preuve que le Dico des mots qui n’existent pas s’inscrit vraiment dans l’air du temps. 

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La rédaction de TF1info

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