GLOSSAIRE - Si vous êtes amateur de la télé-réalité américaine RuPaul's Drag Race, les drag queens qui s'y affrontent utilisent parfois des termes qui peuvent vous échapper. Mais ces expressions ne datent pas d'hier et ont été inventées dans les "Ballrooms".
"Shade", "fishy", "death drop"... : si vous êtes un amateur de la la télé-réalité américaine RuPaul's Drag Race (qui met en compétition des drag queens), vous avez probablement déjà entendu certains de ces mots. Utilisés aujourd'hui par une grande majorité de drag queens, y compris en France, ces termes sont nés dans les "ballrooms" aux Etats-Unis dans les années 80.
Dans le livre Strike a pose, histoire(s) du voguing de Tiphaine Bressin et Jérémy Patinier, les ballrooms sont décrits comme des "soirées hybrides entre défilés de drag queen, concours de costumes et battles de voguing (une danse consistant à reproduire de manière caricaturale les poses de mannequins dans les magazines)".
Pour mieux comprendre certaines expressions qui pourraient encore vous échapper, nous vous avons préparé, parallèlement à notre enquête sur la popularité grandissante des drags queens en France, un petit glossaire non exhaustif.
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Drag queen/king
En français "reine/roi drag" : L’origine du drag est controversée. Certains s’accordent à dire que l’expression remonte au XXe siècle, lorsque les hommes jouaient le rôle de femmes au théâtre, et serait l’acronyme de DRessed As a Girl. D’autres assurent que l’expression date du XVIIe siècle, quand les travestis laissaient traîner (to drag en anglais) leurs jupes dans la rue. "Il n’y a pas d’histoire du ‘drag’ en France, selon Veronika Von Lear, drag queen parisienne. En revanche, il existe une histoire du travestissement et du transformisme avec Michou ou Madame Arthur dans les années 50-60".
Drag mother/father
En français "maman/papa drag" : c’est une drag queen expérimentée qui joue le rôle de mentor pour une autre drag queen en cours d’apprentissage. Le plus souvent, la nouvelle drag queen - aussi appelée drag daughter -, prend le nom de famille de sa mother pour lui rendre hommage. Exemple : Cherry Kunty est la daughter de Cookie Kunty. Une famille drag - aussi appelée house - est composée d’une mère et de ses filles.
House
En français "maison" : il s’agit d’un regroupement de drag queens - aussi appelée drag family -, avec à sa tête une drag mother ou un drag father qui conseille et guide ses drag daughters. Parfois, comme c’est le cas pour Maison Chérie en France, les houses sont aussi des associations.
Fishy queen
En français "... de poisson/puant" : c’est un terme utilisé pour décrire une drag queen très féminine qui cherche à ressembler à une vraie femme. On parle aussi de 'pageant queens'" pour désigner les drag queens mannequins. Cette expression fait référence à l’odeur supposée du vagin, qui, selon une légende urbaine, pourrait se rapprocher de celle d’un poisson pourri.
Shade
En français "une vanne sournoise" : c'est une forme d'insulte visant à pointer du doigt les défauts de l'autre. Exemple de shade tiré du documentaire sur les ballrooms à Harlem Paris is Burning : "Je ne dis pas que tu es laide, je te dis que je n'ai pas besoin de te dire que tu es laide car tu le sais déjà".
To gag
En français "s'étouffer, avoir un haut-le-cœur" : c'est un terme utilisé, notamment lors des ballrooms, pour réagir de manière intense et incontrôlée, souvent après un choc. Exemple : "I'm gagging on your elegenza" voudrait littéralement dire "je m'étouffe de voir tant d'élégance".
Voguing
Il n'existe pas de traduction française du terme : né dans les années 70 à Harlem et Brooklyn dans les lieux fréquentés par les communautés latino et afro-américaines, le voguing a été popularisé dans les années 90 par le célèbre Vogue de Madonna. Le but de cette danse est de reproduire de manière caricaturale les poses de mannequins dans les magazines.
Death Drop
En français "chute mortelle" : c’est une figure de danse relativement connue des drag queens qui consiste à tomber sur le dos, une jambe repliée en croix, de façon théâtrale (voir illustration de l'article). C’est un mouvement directement tiré du voguing.
Padding
En français, "rembourrage" : ce sont des genre de coussins (en mousse ou en éponge) placés sur les hanches, les jambes, les fesses ou encore les seins pour créer l'illusion d'une silhouette de femme.
To tuck
En français "coincer" : il s'agit de coincer les organes génitaux masculins, généralement à l'aide de ruban adhésif ou de multiples paires de collants, de manière à ce qu'ils ne soient pas visibles. Le but étant de créer l'illusion d'un vagin.