Solitude des jeunes : "Les stéréotypes sont en retard par rapport à la réalité"

Publié le 24 novembre 2014 à 7h00
Solitude des jeunes : "Les stéréotypes sont en retard par rapport à la réalité"

ETUDE - Pour Nathan Stern, sociologue et entrepreneur social, le décalage qui existe entre le regard que nous portons sur la jeunesse et la réalité sociale s’explique par une forme de rémanence des idées reçues. La solitude des jeunes doit cependant être relativisée.

De plus en plus de personnes se sentent seules. Faut-il s’en inquiéter ?
Il faut d’abord préciser que la solitude n’est pas toujours une expérience douloureuse. Elle peut correspondre aussi à l’affirmation de son autonomie. Il y a des solitudes désirées, et des solitudes nécessaires. La solitude des jeunes gens qui apprennent à voler de leurs propres ailes est presque une initiation. Elle est en tous cas très différente de la solitude des personnes âgées, qui peuvent être complètement désocialisées. L'isolement des personnes âgées peut être nettement plus rigoureux.

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Quelle est la part de l’objectif et du subjectif dans la solitude des jeunes ?
Les jeunes sont beaucoup moins exposés à la solitude que les autres. Ils ont certes peur de souffrir de la solitude (ils sont 56% à affirmer en avoir peur selon l’étude, contre 45% en moyenne pour l’ensemble de la population, ndlr). Mais il peut y avoir un grand écart entre la réalité subjective et la réalité objective. La sensibilité à la vulnérabilité notamment n’est pas la même chez une personne âgée et un jeune : les jeunes savent mieux exprimer ce qu’ils ressentent. Chez les personnes âgées, la solitude peut être déniée par exemple parce qu’elle est stigmatisante.

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Comment expliquer ce décalage entre la vision que l’on a de la jeunesse et ces chiffres ?
Les stéréotypes ont souvent cinq ou dix ans de retard par rapport à la réalité sociale. Il y a une rémanence des idées reçues. C’est valable pour d’autres catégories de la population : quand on parle d’un “quadra”, on imagine quelqu’un avec une situation, un attaché-case, des enfants. Alors que ce n’est plus le cas des quarantenaires d’aujourd’hui, qui sont beaucoup plus “jeunes” que l’image qu’on en a. Par ailleurs les jeunes sont une population qui n’est pas “légitime” en matière de souffrance, parce que justement ils sont censés être en bonne forme physique, avoir moins de responsabilités, etc. 


La rédaction de TF1info

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