Soupçons d'espionnage à la DGSE : la trahison au profit d'une puissance étrangère, un phénomène rare dans l'armée

Publié le 25 mai 2018 à 13h19
Soupçons d'espionnage à la DGSE : la trahison au profit d'une puissance étrangère, un phénomène rare dans l'armée

ESPIONNAGE - Deux ex-agents des services secrets français ont été mis en examen pour intelligence avec une puissance étrangère, a confirmé vendredi la ministre française des Armées. Les condamnations de ce type sont peu fréquentes : seulement une dizaine depuis la Guerre froide.

Plusieurs années de prison et des amendes faramineuses. C'est ce que risquent deux ex-agents des services secrets français, mis en examen pour espionnage au profit vraisemblablement de la Chine. Une affaire rarissime dans l'armée, puisque seulement une dizaine de cas similaires ont été recensés depuis la Guerre froide.

1998 : soutien aux Serbes de Yougoslavie

En décembre 2001, un officier détaché à l'OTAN, le commandant de l'armée de terre Pierre-Henri Bunel, est condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, pour trahison au profit des Serbes de Yougoslavie. Sa faute ? Leur avoir remis entre juillet et octobre 1998 des documents classifiés secret-défense sur les frappes aériennes prévues par l'OTAN en Yougoslavie en cas de non-retrait des troupes serbes du Kosovo. Lors de son procès, il dit avoir voulu éviter un bain de sang. Il bénéficie d'une libération conditionnelle au printemps 2002. En 2013, il est décoré par le président serbe, Tomislav Nikolic, "pour avoir commis un acte héroïque" en remettant ces documents.

Années 1980 : de la Bretagne à l'URSS

Le 7 novembre 1987, un sous-officier de l'armée de l'air à la retraite, Bernard Sourisseau, est condamné à six ans de prison pour espionnage au profit de l'URSS. Il avait fourni pendant plusieurs années des informations sur les installations militaires françaises en Bretagne. Son arrestation en janvier 1986 avait été suivie de l'expulsion de quatre diplomates soviétiques. En riposte, l'URSS avait expulsé quatre diplomates français.

Autre affaire, celle-ci impliquant Bernard Godefroy : le 8 juin 1984, cet ancien lieutenant-colonel de l'armée de l'air est inculpé ainsi que deux autres personnes, d'intelligence avec une puissance étrangère à la suite de la livraison à des agents soviétiques de documents concernant l'industrie aéronautique. Il décède peu avant son procès. 

Entre 1965 et 1975, le renseignement soviétique soutenu par un ancien FTP

Le 12 juillet 1978, la Cour de sûreté de l'Etat condamne à huit ans de réclusion Georges Beaufils, ancien colonel des Francs-tireurs et partisans (FTP) pendant la Seconde Guerre mondiale, pour intelligence avec des agents de renseignement soviétiques entre 1965 et 1975. Il bénéficie en 1981 d'une grâce présidentielle.

L'OTAN dans la polémique

Deux hauts-fonctionnaires français de l'OTAN ont été impliqués dans des affaires d'espionnage : le 19 janvier 1971, Francis Roussilhe, fonctionnaire du secrétariat international de l'OTAN, accusé d'avoir livré quelque 12.000 documents à un agent roumain, est condamné à 20 ans de réclusion. En 1978, il bénéficie d'une mesure de libération conditionnelle. Le 7 juillet 1964, Georges Paques, directeur-adjoint des services de presse de l'OTAN, est quant à lui condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir fourni des renseignements militaires sur la France et l'OTAN à l'URSS. Cette peine fut réduite en 1968 à vingt ans. Deux ans plus tard, Georges Paques a bénéficié d'une libération conditionnelle.


Thomas GUIEN

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