Diminution du nombre de contrats aidés : "A une semaine de la rentrée scolaire, je ne sais toujours pas si j'aurai du travail"

Publié le 28 août 2017 à 14h18, mis à jour le 28 août 2017 à 14h52

Source : JT 13h Semaine

TÉMOIGNAGE - Le gouvernement a décidé de diminuer le nombre de contrats aidés. Une situation qui met dans l’embarras beaucoup de collectivités locales, au point que dans une école normande, le report d’une semaine de la rentrée scolaire a été voté ce lundi. De leur côté, des milliers d’employés attendent le renouvellement de leur contrat. Une auxiliaire de vie scolaire dans cette situation délicate se confie à LCI.

Marianne, 51 ans, est auxiliaire de vie scolaire (AVS) dans une petite école privée ardéchoise. Sa mission : s’occuper et accompagner dans leur scolarité deux élèves en difficulté, l’un déficient visuel, l’autre dyslexique. Elle a signé l’année dernière avec l’établissement scolaire et Pôle emploi un contrat aidé de deux ans, qui doit être renouvelé le 9 septembre prochain. Mais à l’heure actuelle, elle ne sait pas s'il le sera, ni si elle aura encore du travail dans deux semaines. "Ce matin à 8h30, Pôle emploi m’a dit qu’aucune consigne ne leur avait été communiquée, que tous les contrats aidés étaient en attente. On me dit que la décision doit venir du plus haut de l’Etat." "Donc à une semaine de la rentrée, je ne sais toujours pas si j'aurai du travail l'année prochaine."

Pour justifier la diminution de ces contrats, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a expliqué qu’ils étaient "précaires, souvent à temps partiel" et qu’ils ne pouvaient pas être "l’instrument majeur de la politique de l’emploi". "C’est sûr que ce ne sont pas de bons contrats", reconnaît Marianne. "Nous faisons peu d’heures, n’avons pas de formation. Mais ils pallient les faiblesses de l’Etat, notamment dans l’éducation, où ils se servent des contrats aidés pour étouffer les problèmes"" continue Marianne, qui ne demande qu’à obtenir un contrat plus "solide" et sécurisant.

"On te traite comme si ce que tu faisais n’était pas utile."
Marianne

Mais ce que ne digère pas cette mère de famille, c’est la façon dont le gouvernement a décidé de supprimer ces emplois aidés. "On te traite comme si ce que tu faisais n’était pas utile, comme si on t’avait fait un contrat par charité. Puisque tu n’es pas utile, on te supprime ton emploi. Or, ces contrats s’adressent à des gens en difficulté, beaucoup des bénéficiaires sont des femmes seules avec enfant(s)."

Elle ne comprend pas non plus la logique qui se cache derrière tout ça. "Ils ont vu une ligne sur un budget, ils n’ont pas vu plus loin. Je pense que le gouvernement ne savait pas où étaient les contrats aidés. Il devait penser qu’ils étaient seulement dans les associations. Emmanuel Macron disait pendant la campagne qu’il fallait un auxiliaire de vie scolaire à tous les enfants en situation de handicap…. Comment va-t-il faire en supprimant les contrats aidés ? Il y a là beaucoup d’ignorance et du mépris." "C’est la faiblesse de leur loi sur la scolarisation des enfants handicapés. Leur scolarisation en milieu scolaire ordinaire est une bonne chose mais les enseignants doivent être aidés par du personnel formé. Les enseignants ont besoin des AVS."

Si mon contrat s’arrête, je n’aurai droit qu’au chômage et pas au RSA, soit 400 euros par mois."
Marianne

Marianne est bien sûr inquiète pour son avenir. "Si rien n’est fait, je suis au chômage dans deux semaines. Déjà, ce sont des boulots que tu fais pour la conscience, pas pour l’argent. Mon salaire, en contrat aidé, est moins important que si j’étais au RSA. J’aurai intérêt à rester chez moi plutôt que d’aller travailler. Là, si mon contrat s’arrête, je n’aurai droit qu’au chômage et pas au RSA, soit 400 euros par mois."

Pôle emploi a demandé à l’école dans laquelle travaille Marianne de les recontacter mercredi pour faire le point sur sa situation. Mais si les deux contrats aidés de l’établissement ne sont pas renouvelés, elle prédit que la rentrée n’aura pas lieu lundi prochain. Ces situations pourraient d'ailleurs se multiplier sur le territoire le 4 septembre prochain. Déjà ce lundi, une école normande a dû repousser sa rentrée scolaire d'une semaine faute de personnel pour encadrer les enfants.


Justine FAURE

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