Terrains bradés à 1 euro le m² : la belle opération des communes qui refusent de mourir

Publié le 4 mai 2016 à 15h10
Terrains bradés à 1 euro le m² : la belle opération des communes qui refusent de mourir

RETOUR SUR ACTU - Pour lutter contre leur déclin démographique, sauver leur école ou leurs commerces, plusieurs petites communes rurales ont décidé ces derniers mois de vendre des terrains à des prix dérisoires afin d'attirer de nouveaux habitants. Metronews les a recontactées pour connaître l'effet de ces opérations séduction.

"Faites-nous de la pub on en a encore besoin !", A la mairie de Berrien, on a le sens de l'accueil. Et pas seulement pour les journalistes. En juin 2015, cette petite commune du centre Finistère avait beaucoup fait parler d'elle en présentant à la presse régionale, rapidement relayée par les médias nationaux et même étrangers, sa proposition imbattable pour attirer de nouveaux habitants : dix terrains, d'une superficie moyenne de 800 m² chacun, mis en vente à… 1 euro le m².

Un tarif imbattable, divisé par dix par rapport aux prix du marché, qui avait rapidement fait crouler le standard de la mairie sous les appels . Pas moins de 2.000 personnes l'avaient alors contacté en l'espace de trois mois. Certaines pour des demandes farfelues, comme cette femme qui, après avoir vu un reportage sur la chaîne Al-Jazeera, avait téléphoné depuis l'étranger pour dire qu'elle voulait bien venir s'installer dans la ville "à condition que le maire l'épouse". "Il a refusé, il est déjà pourvu !", plaisante le première adjointe Marie-Pierre Coant en nous racontant cette anecdote.

L'école est sauvée !

Bientôt un an plus tard, combien ont réellement posé leurs valises en Bretagne ? "La vente de six parcelles a été signée, et la première maison va sortir de terre incessamment sous peu", se félicite Marie-Pierre Coant. Il reste donc toujours quatre terrains à vendre, mais pour la commune, l'opération est un succès incontestable : son objectif, sauver l'école dont une classe, faute d'élèves en nombre suffisant, était menacée de fermeture, est atteint. Car avec les six familles qui sont venues de Paris ou du sud de la France pour s'installer dans la commune, en location en attendant de voir aboutir leurs projets de construction, neuf enfants ont déjà rejoint les bancs de l'école. Cerise sur le gâteau, tous les parents - artisans, kiné, éducatrice… - ont rapidement trouvé du travail à Berrien ou dans les villes voisines. Et la commune, qui comptait 980 habitants lors du dernier recensement, devrait allègrement franchir la barre des 1.000 au prochain comptage.

A Champ-du-Boult également, on avait lancé l'an dernier une opération similaire . Et là aussi, elle a fait un carton. Depuis 2007, le petit village normand de 380 habitants ne parvenait pas à vendre 4 parcelles de son lotissement. "Il fallait un choc psychologique, d'où l'idée de le créer avec l'euro symbolique", explique à metronews le maire Patrick Madeleine. Résultat, ces terrains dont personne ne voulait se sont arrachés : les plus de 1.000 appels intéressés ont donné lieu à 330 candidatures, au sein desquelles la commune en lutte contre la désertification a privilégié les familles avec enfants.

Certaines se sont ensuite désistées car, souligne Patrick Madeleine, "avec un prix de vente aussi dérisoire, casser le compromis ne coûte que 100 euros". Mais au final, la vente des 4 parcelles, à "des gens qui n'auraient pas pu devenir propriétaires sans une opération de ce type" selon le maire, est sur les rails. Mieux : grâce à l'afflux de visiteurs dans le village, des maisons anciennes qui ne trouvaient pas d'acquéreur depuis des années ont-elles-aussi été achetées.

"Avant même la fin de la diffusion du reportage, mon téléphone sonnait"

Ça marche donc, et si des communes avaient déjà recours à la "braderie" de leurs terrains il y a 30 ans, de plus en plus pourraient franchir le pas face à la désertification croissante des campagnes. "J'ai régulièrement des appels de collègues de toute la France me demandant un retour d'expérience", assure Patrick Madeleine.

A chaque fois qu'une telle opération est médiatisée en effet, elle donne des idées à d'autres maires. C'est ainsi qu'en décembre dernier dans la Sarthe, Jean-Marc Lambert, pour sauver l'école et repeupler son village de Conflans-sur-Anille (560 habitants), dont le dernier commerce a fermé il y a deux ans, a lui aussi mis au prix de 1 euro le m² cinq terrains prêts à bâtir qui lui restaient sur les bras depuis des années. Rapidement, trois ont été réservés et, s'il en reste deux à pourvoir, ils devraient rapidement trouver preneur : "Beaucoup de Parisiens veulent venir vivre à la campagne, et l'opération à 1 euro permet de toucher des gens qui ne se seraient jamais intéressés à nous", affirme Jean-Marc Lambert. Nous sommes passés dans l'émission Grands reportages de TF1 il y a deux semaines, et avant même la fin de la diffusion, mon téléphone sonnait !"

Avis aux amateurs : sachez que les compromis de vente des terrains bradés sont assortis de clauses obligeant les acquéreurs à construire leur maison dans des délais réduits (à Conflans-sur-Anille ainsi, on doit lancer les travaux dans l'année qui suit). Une nécessité pour éviter ceux qui flaireraient une bonne affaire et ne chercheraient qu'à spéculer.

EN SAVOIR + >>  Acheter un terrain en Bretagne pour 1 euro le m², ça vous intéresse ?
 


Gilles DANIEL

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