Théorie du genre à l'école : autopsie d'une rumeur

Publié le 29 janvier 2014 à 12h42, mis à jour le 3 octobre 2016 à 6h52
Théorie du genre à l'école : autopsie d'une rumeur

DECRYPTAGE - Des dizaines de parents ont retiré, le temps d'une journée, leurs enfants de l'école pour protester contre la "théorie du genre". Une rumeur relayée par des mouvements proches de l'extrême droite.

Elle s'est propagée comme une traînée de poudre au point de faire réagir au sommet de l'Etat. "Il n'y a pas d'enseignement de la théorie du genre à l'école mais une éducation à l'égalité fille-garçon", a déclaré mardi le ministre de l'Education Vincent Peillon. Une mise au point pour tenter de faire taire une rumeur folle selon laquelle l'école de la République "apprendrait aux petits garçons à devenir des petites filles".

La semaine dernière, de mystérieux SMS se propagent sur les portables de parents d'élèves dans différentes régions de France, appelant à boycotter l'école une fois par mois pour protester contre les futurs "cours d’éducation sexuelle ou de masturbation". De quoi faire sourire si le doute ne s'était pas installé dans l'esprit de dizaines de parents qui, le 27 janvier, décident de répondre à l’appel d'un obscur mouvement nommé "Journée de retrait de l'école" (JRE). "Notre CPE a passé la journée au téléphone avec les familles pour tenter de les raisonner mais c'était un dialogue de sourd", explique un professeur de collège à Villepinte (Seine-Saint-Denis), "où la rumeur a particulièrement pris dans la communauté musulmane suite au prêche d'un imam".

Instrumentalisation

Derrière cette campagne d'intox, Farida Belghoul, 55 ans, figure des rassemblements antiracistes dans les années 1980 et proche du polémiste d’extrême droite Alain Soral trente ans plus tard. Depuis janvier, celle qui a reçu le soutien des catholiques intégristes Civitas et du Printemps français est partie en croisade pour "sauver (nos) enfants" mis en danger, entre autres, par "la propagande LGBT". Dans son collimateur, "l'ABCD de l'égalité", un programme expérimental lancé en début d'année par le gouvernement dans dix académies, visant à lutter contre les stéréotypes dès le plus jeune âge. "Il ne s’agit pas de nier la différence de sexe mais de porter un message fort : cette différence ne doit justifier aucune inégalité" faisait valoir la semaine dernière dans nos colonnes la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.

Contacté par metronews, le mouvement nous a adressé une fin de non-recevoir : "Farida Belghoul refuse toutes interviews des médias du système qui expriment des voix qui n'ont jamais souhaité défendre le peuple". Nous avons donc contacté un de ses comités régionaux plus loquace sur la "théorie du genre" : "J'ai découvert cette idéologie destructrice il y a un mois. Nous sommes simplement des parents soucieux de l'éducation de nos enfants. L'égalité homme-femme ne me dérange pas mais je dis attention", martèle ce  membre du JRE sous couvert d'anonymat. Avant de se lancer dans un troublant argumentaire : "Par exemple, j'ai eu l'appel d'un avocat qui m'a raconté qu'une association LGBT était intervenue au collège pour faire un cours sur la sodomie. C'est quand même fou non ?". A la question de savoir si l'histoire n'est pas un peu "folle" justement, il répond simplement : "Si un avocat me dit ça, je le crois, ce ne sont pas des conneries quand même".
 


La rédaction de TF1info

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