Thomas Fabius, le drôle de parcours d'un "fils de"

Publié le 30 janvier 2016 à 16h09
Thomas Fabius, le drôle de parcours d'un "fils de"

PORTRAIT - Son père est ministre mais lui est habitué à voir son nom inscrit dans la rubrique faits divers des journaux. Ce samedi, il a été mis en examen pour faux et usage de faux. Retour sur le parcours chaotique du fils de Laurent Fabius, prodige en pépins judiciaires.

Papa, j'ai encore raté une occasion de me faire discret... Le fils du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius renoue cette semaine avec la rubrique faits divers. L'an dernier, Thomas Fabius avait été arrêté pour avoir forcé un passage de police à Paris. Et ce samedi, il a été mis en examen pour faux et usage de faux, au lendemain d'une longue audition par le juge d'instruction. Une information judiciaire avait été ouverte en 2013 pour éclaircir d'importants mouvements de fonds qui pourraient avoir transité par ses comptes.

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Les enquêteurs s'intéressent notamment à l'acquisition en 2012 d'un appartement à Paris, qui avait fait l'objet d'un signalement à la cellule anti-blanchiment de Bercy, Tracfin. A 33 ans, le jeune homme, qui n'était même pas assujetti à l'impôt sur le revenu, a néanmoins pu s'offrir un immense appartement de 280 m2 dans un quartier huppé de la capitale, pour 7 millions d'euros. Le Point a rapporté qu'il aurait malgré tout indiqué à un agent immobilier disposer d'un "budget de 7,5 millions d'euros, en partie gagné au jeu". Et d'où viendrait le reste ? Le cabinet du ministre des Affaires étrangères a assuré que son fiston n'avait "bénéficié d'aucune donation ou héritage familial". L'intéressé, lui, a expliqué avoir contracté un prêt bancaire garanti par sa société TF Conseils. Mais, les résultats de celle-ci, consultés par metronews, ne présentent guère un profil susceptible de cautionner un tel prêt : déficitaire de 2007 à 2009, elle a affiché un bénéfice de 92.532 euros en 2010 et de 11.880 euros seulement en 2011...

Autodidacte passé par le Club Med

Quand on se penche sur le CV du jeune homme, on s'aperçoit que ce n'est pas la première fois que son rapport à l'argent lui attire des ennuis… Ironie du destin, quand Thomas naît en novembre 1981, son père est ministre délégué... au Budget. Trois ans plus tard, Laurent Fabius deviendra Premier ministre de François Mitterrand. Thomas, lui, trace sa route loin de l'ENA. Bachelier à 16 ans, il échoue aux portes d'HEC avant de devenir pendant un an animateur au Club Med. Passé ensuite dans le groupe Accor, il en gravit les échelons en quatre ans, de la plonge à la communication, avant de devenir adjoint d'un Novotel.

A 23 ans, l'autodidacte devient entrepreneur en lançant "People and Baby", une société qui fournit clés en main des crèches aux entreprises. Le jeune patron joue-t-il de son patronyme pour s'ouvrir des portes ? Honnête, il reconnaît dans L'Express que celui-ci "est un avantage comparatif. D'abord, il suscite la curiosité de mes clients potentiels et m'ouvre des portes. Et puis, ma société bénéficie d'une énorme couverture médiatique". Mais, reconnaît-il, "je resterai un 'fils de' tant que je ne me serai pas forgé ma propre légitimité."

Un goût pour le casino

Mais c'est plutôt dans la rubrique justice des journaux que le jeune Fabius se forgera un prénom. Après l'aventure People and Baby, il fonde à 24 ans sa société de "conseil pour les affaires et autres conseils de gestion", TF Conseils. Dans ce cadre, il se rapproche en 2009 de deux hommes d'affaires qui souhaitent lancer en Afrique un système de cartes de paiement innovant. Il est chargé de leur dégoter des investisseurs. Mais les associés l'accusent par la suite d'être parti avec leur argent – pas moins de 80.000 euros – et portent plainte pour abus de confiance. Plaidant coupable, Thomas Fabius est condamné en 2011 à 15.000 euros d'amende, dont 10.000 avec sursis. Et ses ennuis avec la justice ne s'arrêtent pas là, puisque des sources judiciaires ont indiqué à l'AFP qu'il était visé par une enquête préliminaire pour "tentative d'escroquerie et faux", pour des faits reprochés datant de novembre 2011.

Au passage, ses ennuis révèlent son penchant affirmé pour les casinos, où l'enquête de 2011 retrouve régulièrement Thomas Fabius. A force, il aurait même été interdit de jeu, selon le Nouvel Obs . En octobre 2015, on apprend qu'il fait l'objet d'un mandat d'arrêt aux Etats-Unis pour une folle nuit à Las Vegas en mai 2012, durant laquelle il a distribué aux casinos des chèques en bois totalisant 3,5 millions de dollars (3,2 millions d'euros). La plainte officielle qui remonte à avril 2013, montre un joueur invétéré, n'hésitant pas à jongler avec des millions et à laisser derrière lui des "ardoises" chargées. Cette fameuse nuit, Thomas Fabius semble avoir été pris d'une frénésie d'achat de jetons et de plaques de casino, enchaînant trois chèques à l'ordre de l'hôtel de luxe-casino The Palazzo : un de 200.000 dollars, un de 409.000 dollars et le troisième d'un million de dollars. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 15 au 16 mai 2012, selon Le Point qui a révélé l'affaire. Ce même 16 mai 2012, Laurent Fabius était officiellement nommé chef de la diplomatie française.

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La rédaction de TF1info

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