TOUSSAINT 2018 - Une startup française s'attaque au marché très encadré des pompes funèbres, leurs prix opaques, et leur fonctionnement très old-school. Mais attention, personne ici ne parle de low-cost.
C'est probablement la négociation commerciale à laquelle on est le moins bien préparé. Pour les familles qui poussent la porte d'une entreprise de pompes funèbres, le moment n'est jamais attendu, rarement choisi, plutôt un passage obligé après la perte d'un proche. Face à eux, une industrie qui mériterait de reprendre les choses à zéro. C'est en tout cas l'avis de Philippe Meyralbe, fondateur de Advitam, une startup qui veut rendre le deuil moins cher, plus simple, et surtout beaucoup plus transparent.
"Il faut tout revoir dans l'expérience du client : vous voilà sans autre choix que d'aller dans une boutique, pour deux heures de face à face avec un vendeur, évidemment intéressé au chiffre d'affaires, qui va vous pousser à prendre des prestations, des options dont vous n'avez pas forcément besoin, à un moment où vous n'êtes pas en état de négocier", explique-t-il. Premier angle d'attaque: les prix. Accessible en ligne et par téléphone, le service affiche d'entrée le prix des prestations les plus courantes. Comptez à partir de 2000€ pour une crémation, 2500€ pour une inhumation, soit 25 à 50% moins cher que les deux grands leaders du secteur, qui eux n'affichent pas de prix sur leurs sites.
"(...) vous vous retrouvez pendant deux heures face à un vendeur, qui va vous vendre des choses dont vous n'avez pas besoin, à un moment où vous n'êtes pas en capacité de négocier."
Philippe Meyralbe, Fondateur d'Advitam.
Comment Advitam tire-t-il les prix vers le bas ? "C'est simple, on prend moins de marges", sourit Philippe Meyralbe. Pour le reste, la startup assure exactement les mêmes prestations qu'une agence de pompes funèbres de quartier, et pour cause : les prestataires sont les mêmes. "Dans chaque ville, on trouve des partenaires locaux, on les sélectionne sur leur réputation, il faut quatre ou cinq intervenants différents pour une même cérémonie, mais l'avantage de ce métier c'est que c'est un tout petit secteur, tout le monde se connaît." Des contrats négociés dans toute l'Île-de-France, en attendant de s'attaquer à d'autres grandes villes de France dans le courant de l'année. "Le but n'est pas d'être low-cost", nous assure le fondateur d'Advitam, "mais d'avoir un prix cohérent, et transparent."
La mort, ce marché qui ne connaît pas la crise
Si la concurrence s'aiguise sur le marché des obsèques, c'est parce que la mort est une valeur en hausse. Avec le vieillissement de la génération du baby-boom, le nombre annuel de décès en France devrait passer de 600.000 aujourd'hui à 770.000 d'ici à 2030. Pourtant, pour la startup, qui ne traite encore que quelques dizaines de cérémonies par mois, ce n'est pas qu'en tirant sur les prix que le secteur se rénovera. "On va voulu améliorer les prix, l'expérience, mais aussi la paperasse. Aujourd'hui c'est l'âge de pierre, tout est fait à la main sauf les factures, nombre de procédures se font encore par fax", s'étonne Philippe Meyralbe. Avant de préciser : "Nous on a commencé par développer un logiciel pour automatiser en partie les démarches administratives, on ne saurait pas gérer 600 villes d'Île-de-France sinon."
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Résilier tous les comptes, même les réseaux sociaux
Surtout, pour conquérir de nouveaux clients, Advitam promet d'automatiser et de prendre en charge la résiliation des contrats du défunt. Gaz, électricité, prestataires sociaux, abonnements internet et mobiles, mais aussi - et c'est nouveau - les réseaux sociaux, une chose de moins à gérer pour les proches, d'autant que la prestation est comprise dans le coût des obsèques. Un avantage concurrentiel de plus, mais assez pour que les clients viennent d'eux-même ? "C'est difficile, explique le startuppeur, le métier est réglementé, la publicité et le démarchage sont interdits, alors on se fait connaître sur internet, on fait tout pour être dans les résultats de recherche quand les gens tapent pompes funèbres dans Google, il faut être présent sur le long terme, à l'esprit des gens pour le jour où ils auront besoin de nous, car on ne confie pas les obsèques d'un proche à quelqu'un qui n'inspire pas confiance."