Trois ans après l'attentat, le directeur de Charlie Hebdo déplore le coût de la protection des locaux

Publié le 2 janvier 2018 à 22h48
Trois ans après l'attentat, le directeur de Charlie Hebdo déplore le coût de la protection des locaux

SÉCURITÉ - Dans un numéro anniversaire, 3 ans après l'attentat qui a décimé la rédaction de l'hebdomadaire satirique, le directeur de Charlie Hebdo, Riss estime que la liberté d'expression "est en train de devenir un produit de luxe".

 "Est-il normal pour un journal d'un pays démocratique que plus d'un exemplaire sur deux vendus en kiosque finance la sécurité des locaux et des journalistes qui y travaillent ?" C'est la question que se pose Riss, le directeur de Charlie Hebdo, dans le numéro qui paraît ce mercredi, près de 3 ans après l'attentat qui a touché l'hebdomadaire satirique et tué 11 personnes, dont 8 membres de la rédaction.

Riss déplore notamment le coût très lourd de la protection des locaux, "entre 1 et 1,5 million d'euros par an, entièrement à la  charge du journal", soit l'équivalent de la recette de près de 800.000 exemplaires par an. Le chiffre d'affaires du journal est tombé à 19,4 millions d'euros en 2016, après un record en 2015 (plus de 60 millions d'euros), selon des chiffres de BFM Business. Il en vient à écrire que la liberté d'expression "est en train de devenir un produit de luxe".

Est-ce qu'on se marre quand même ? Oui
Fabrice Nicolino

Ce numéro spécial, consulté par l'AFP, dévoile les conséquences de l'attentat sur les conditions de travail au jour le jour : l'escorte policière permanente, l'avalanche de menaces sur les réseaux sociaux, dont une dernière vague après la Une consacrée à Tariq Ramadan, intitulée "le 6e pilier de l'islam", et le coût très élevé pour le journal de la sécurisation permanente.

"Le 7 janvier 2015 nous a propulsés dans un monde nouveau, fait de policiers en armes, de sas et de portes blindées, de trouille, de mort. Et cela en plein Paris, et cela dans des conditions qui n'honorent pas la République française. Est-ce qu'on se marre quand même ? Oui", raconte le journaliste Fabrice Nicolino dans un long récit intitulé "Ce que ces trois années ont vraiment changé".

"Le 7 janvier 2015 est la date rouge sang qui sépare deux vies. Avant, il y a les blagues de Charb qui nous faisaient pleurer de rire, les petits gâteaux de Cabu, déposés avec grâce sur la table, les mots coquins de Wolin, l'arrivée tonitruante de Tignous, le rire pleines dents de Bernard [Maris, ndlr], les cris d'Elsa [Cayat, ndlr]. Et depuis, un deuil que nous portons tous, et qui ne finira jamais", poursuit-il.

Les juges antiterroristes espèrent achever au printemps leur enquête sur les attentats de janvier. Trois ans après les attaques, les enquêteurs n'ont pas réussi à établir comment s'étaient coordonnés les frères Kouachi et Amédy Coulibaly, le djihadiste qui avait tué, à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, cinq personnes, deux jours après Charlie, ni où et comment les frères Kouachi se sont procurés leur arsenal. Au moins 13 hommes sont poursuivis dans cette enquête, soupçonnés à des degrés divers d'avoir apporté une aide logistique à Amédy Coulibaly.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info