"ELLES AURAIENT DÛ" - Interrogée sur l'affaire Weinstein, l'actrice Pamela Anderson, elle-même victime d'abus sexuels dans son enfance, a expliqué ce qu'auraient dû faire ou ne pas faire les victimes de Harvey Weinstein. Une leçon de morale qui ne passe pas.
Sa sortie a été remarquée. Interrogée par la journaliste américaine Megyn Kelly jeudi 30 novembre, l'actrice Pamela Anderson s'est exprimée pour la première fois depuis la déflagration du scandale Weinstein. Membre à part entière du microcosme hollywwodien et elle-même victime d'abus sexuels dans son enfance, la star d'Alerte à Malibu s'est permise de placer le curseur, dans cette affaire... sur les victimes.
"Avez-vous été surprise ?", lui demande l'intervieweuse au sujet des diverses accusations qui sont remontées à la surface à l'encontre du producteur Harvey Weinstein. "Non", répond l'actrice dans un rire jaune. Avant de poursuivre : "Je pense que tout le monde était au courant. Tout le monde sait que certaines personnes ou certains producteurs à Hollywood sont à éviter dans des situations privées." Et, à l'adresse des victimes, d'ajouter : "Tu sais ce que tu risques si tu rentres dans une chambre d'hôtel, seule".
C'est juste du bon sens de partir si quelqu'un ouvre la porte en robe de chambre
Pamela Anderson
Face à cette déclaration qui semble faire porter la faute aux victimes davantage qu'à l'agresseur présumé, Megyn Kelly lui rappelle comment plusieurs actrices ont décrit une forme de piège, étant entraîné dans la chambre d'hôtel de Harvey Weinstein par des agents, au prétexte d'un rendez-vous professionnel. Là encore, Pamela Anderson se montre intransigeante : "Dans ce cas il fallait y aller avec eux. C'est ce qu'elles auraient dû faire. Y aller avec quelqu'un. Je pense qu'il y a des façons simples pour remédier à cela. Ce n'est pas une bonne excuse."
Un peu avant de formuler cette réponse bancale, l'actrice précisait : "Quand je suis arrivée à Hollywood, j'ai eu beaucoup d'offres pour faire des auditions privées et des trucs qui n'avaient aucun sens. C'est juste du bon sens de ne pas aller dans une chambre d'hôtel seule, de partir si quelqu'un ouvre la porte en robe de chambre." Des propos qui, à peine mis en ligne, ont suscité beaucoup de réactions. La plupart taxant les propos de l'actrice comme étant du "victim-blaming", littéralement, le fait de "blâmer les victimes".
I am so sick and tired of people - particularly famous women - blaming the victims of sexual harassment instead of their accusers https://t.co/BQujVzm44m — Emma Kelly (@TooManyEmmas) December 1, 2017
"J'en ai vraiment assez de ces personnes - surtout les femmes célèbres - qui pointent du doigt les victimes de harcèlement sexuel au lieu de leurs victimes", écrit ainsi Emma Kelly, journaliste à Metro UK.
Pamela Anderson is victim blaming... women should be able to go anywhere they want without the risk of being assaulted. It is never the woman’s fault for getting assaulted because “she shouldn’t have gone alone”. #MegynKellyToday — Samantha U'Ren (@samantha_uren23) November 30, 2017
Une autre internaute s'exprime ainsi : "Pamela Anderson fait du victim blaming. Les femmes devraient être en mesure d'aller où elles veulent sans risquer d'être agressées. Ce n'est jamais de la faute de la femme qui est agressée, parce qu'elle 'n'aurait pas dû y aller seule.'"
Une "grande défenseuse" des victimes
Des remarques auxquelles l'entourage de Pamela Anderson a ensuite réagi : "En tant que victime elle-même, la dernière chose qu'elle ferait serait de blâmer les victimes. C'est une grande défenseuse des personnes qui ont subi des abus sexuels".
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Dans l'interview, par ailleurs, l'actrice affirme avoir eu elle aussi maille à partir avec le producteur mis en cause. Alors qu'elle refusait de jouer dans un film, elle a reçu de sa part un appel injurieux. "Tu es Pamela Anderson, tu as déjà de la chance qu'on te propose un rôle", lui aurait-il dit. "On ne m'avait jamais parlé comme ça", a confié la star.