Tuerie d'Orlando : "Il n'est pas question d'annuler la Gay Pride à Paris"

Publié le 13 juin 2016 à 11h30
Tuerie d'Orlando : "Il n'est pas question d'annuler la Gay Pride à Paris"

INTERVIEW - Au lendemain de la tuerie homophobe d'Orlando (Floride, Etats-Unis) qui a fait 50 morts et 53 blessés, Amandine Miguel, porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans) répond aux questions de metronews. Malgré les craintes et les menaces, elle affirme qu'il n'est pas question aujourd'hui d'annuler la Marche des fiertés qui se tiendra cette année le samedi 2 juillet à Paris, entre Montparnasse et Bastille.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez pris connaissance du drame d'Orlando ?
Nous avons tout de suite exprimé notre colère et notre tristesse après ce massacre. Nous avons également témoigné notre soutien aux victimes, à leurs proches ainsi qu'à toute la communauté LGBT américaine.

Quelques heures après cette tuerie un homme armé était interpellé à Los Angeles, à proximité des lieux où devait se tenir la Marche des fiertés. Un autre choc pour vous…
Heureusement, une nouvelle catastrophe a été évitée. Ces deux événements montrent que c'est bien la communauté LGBT qui était visée. Nous n'avions, nous, inter-LGBT France, aucun doute dès le départ. Certains, visiblement, n'arrivent pas à le concevoir. Je suis très étonnée par exemple de voir ce lundi matin que les médias français, à part Sud Ouest , n'ont pas relayé le fait que cette fusillade est un crime de haine à caractère LGBTphobe.

Pourquoi à votre avis les médias n'ont pas mentionné ce caractère homophobe ?
Je ne sais pas mais c'est je trouve très étrange de ne pas mentionner la motivation qui est évidente. L'orientation sexuelle des personnes qui se trouvaient dans ce club a motivé le geste de cet homme, cela ne fait aucun doute.

Avez-vous ressenti en France une nouvelle violence à l'égard des LGBT ?
En France, depuis 2012, avec les débats sur le mariage pour tous, ils ont réactivé un climat de haine LGBTphobe avec une hausse très claire des violences verbales et physiques. Certaines personnalités politiques ont eu des propos intolérables à notre égard, Christine Boutin par exemple, qui a d'ailleurs été condamnée pour avoir dit que "l'homosexualité était une abomination" . Ces discours sont honteux, agressifs. Quant aux violences physiques, comment oublier les nombreuses agressions à l'égard de couple gays, lesbiens ou trans qui ont eu lieu dans la rue la nuit ou en plein jour…

La Marche des fiertés aura lieu en France le 2 juillet prochain. Est-il question, après ce drame, de l'annuler ?
Aujourd'hui, lundi 13 juin, il n'est pas question d'annuler la Marche des fiertés à Paris. Nous allons avoir des échanges dans la journée avec la préfecture de police de Paris sur les questions de sécurité et aussi sur la Marche pour voir ce qui sera fait. Mais nous devons rester forts. Ce n'est pas cette violence qui va nous empêcher d'exister, de reprendre la rue pour avoir une visibilité.

La Marche des Fiertés se tient habituellement le dernier week-end de juin, elle a été décalée cette année au samedi 2 juillet. Pour quelles raisons ?
La Marche a toujours lieu le dernier week-end de juin en hommage aux émeutes de Stonewall. Cette année, dans le cadre de l'Euro 2016, un match se jouera à Paris le samedi 25 juin. A la demande de la préfecture de police de Paris, afin d'assurer la sécurité des marcheurs et des marcheuses, nous avons décalé la manifestation au 2 juillet. Avec la tuerie de dimanche, forcément, il ne fait aucun doute que si la Marche des Fiertés est maintenue, et elle le sera, le dispositif de sécurité sera renforcé.

Quel sera le mot d'ordre de la Marche cette année si elle est maintenue ?
Nous avons souhaité mettre cette année mettre en avant les droits des trans qui sont une urgence. Il y a eu un amendement dans le contexte de la loi Justice du XXIe siècle pour le changement d'état civil des personnes trans. Rappelons que la France a été condamnée deux fois par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) . Le changement d'état civil pour les trans doit être facilité, transparent et sans conditions médicales.

Avez-vous un conseil à donner à la communauté LGBT après le drame d'Orlando ?
L'amour est plus fort que la haine. Nous sommes dans un contexte de Marche des fiertés, il faut continuer notre combat. Encore une fois, cet événement malheureux prouve que les LGBTphobie, l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie tuent encore à travers le monde. Nous devons nous montrer plus que jamais solidaires avec toutes les personnes LGBT du monde entier.

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La rédaction de TF1info

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