Un correspondant franco-marocain du journal Ouest-France expulsé d’une église

Anaïs Condomines
Publié le 2 août 2016 à 12h49
Un correspondant franco-marocain du journal Ouest-France expulsé d’une église

HUMILIATION - Quelques jours après l’attaque terroriste dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, un correspondant local du journal "Ouest-France", d’origine franco-marocaine, s’est fait expulser manu-militari de la messe.

"Il s’est retrouvé dans la peau d’un suspect" raconte le journal. Dimanche 31 juillet, à Chateaubriant (Loire-Atlantique), un correspondant local du quotidien Ouest-France s’est fait expulser de l’église Saint-Nicolas, cible d'un délit de faciès.

Ce franco-marocain de 46 ans, présent dans le cadre d’une interview du prêtre de la paroisse, assiste à la messe. Cinq jours après l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, au cours duquel deux terroristes ont assassiné le père Hamel, il lui semble important de "prendre le pouls de la communauté catholique". Muni d’un sac et de son casque, il se tient dans le fond de l’église lorsque deux gendarmes viennent à sa rencontre et lui demandent de le suivre à l’extérieur. Il est alors "obligé de quitter Saint-Nicolas encadré par deux gendarmes, à la vue de tous" peut-on lire dans Ouest-France ce 2 août.

"C'est tombé sur moi..."

Entre-temps, le localier apprend que c’est un paroissien qui a appelé la gendarmerie, dénonçant la présence d’un homme suspect dans l’église. Le malentendu est rapidement éclairci et le correspondant reçoit les plates excuses des gendarmes, qui le laissent à nouveau rentrer dans l’édifice religieux. Pas rancunier après cette scène humiliante, le localier témoigne auprès de ses collègues : "C’est tombé sur moi mais je pardonne. La peur n’est pas quelque chose de raisonné. Ce qui s’est passé servira peut-être de leçon et permettra à chacun d’être plus prudent et moins jugeant afin que ça ne se reproduise plus".

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Le même jour, il a également reçu les excuses du prêtre qui, dans un message public, s’est interrogé : "Va-t-on se mettre à suspecter tout visage nouveau qui entre dans notre assemblée sous prétexte que nous ne le connaissons pas ? Je sais que le climat est à la peur, mais justement, parce que le climat est à la peur, il faut raison garder ! L’église est un sanctuaire, un lieu où l’hospitalité est sacrée. Au nom de toute la communauté chrétienne, je demande pardon au correspondant local d’Ouest-France pour ce qui lui est arrivé dimanche."


Anaïs Condomines

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