Polémique autour d'un manuel anti-IVG diffusé dans des lycées privés

Publié le 30 septembre 2016 à 11h36, mis à jour le 30 septembre 2016 à 12h49
Polémique autour d'un manuel anti-IVG diffusé dans des lycées privés
Source : Capture d'écran Facebook

DROIT À L'AVORTEMENT– Des fascicules anti-IVG, édités par la Fondation Lejeune, sont distribués sur demande dans certains établissements scolaires privés et catholiques. Suite à la polémique, la fondation a annoncé qu'elle porterait plainte pour diffamation.

"En avortant son enfant, on choisit pour lui la mort, comme si on avait le droit de tuer." "En France on compte environ 200.000 avortements par an. Près de neuf millions d’avortements ont été pratiqués depuis 1975. Neuf millions d’enfants uniques, irremplaçables". Telles sont les affirmations que des centaines de lycéens peuvent consulter, en libre-accès, dans certains établissements privés catholiques de France.

Derrière ce fascicule dont la couverture présente innocemment un fœtus rose-bonbon ? La fondation Lejeune, connue pour ses positions anti-avortement, qui n’hésite pas à enfoncer le clou au sujet des femmes violées désirant avorter : "On peut comprendre qu’une femme ne désire pas l’enfant d’un viol. (…) mais tuer l’enfant n’annule pas le drame. Cela l’aggrave au contraire", peut-on ainsi lire dans ce livret.

La liberté d'expression n'inclut pas le droit au mensonge
Laurence Rossignol

Ce fascicule fait polémique depuis qu'il a été transmis mardi 27 septembre à un illustrateur par une lycéenne "sidérée" de l’académie de Montpellier. Relayés sur la page Facebook de l’artiste, les morceaux choisis du livret ont été partagés plus de 9000 fois… parvenant même, dans la foulée, aux oreilles de la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Laurence Rossignol, contactée par Libération, assure ainsi : "Ces contenus prouvent qu’il est temps de protéger les jeunes et les femmes contre ces falsifications. La liberté d’opinion et d’expression n’inclut par le droit au mensonge, sur des sujets aussi graves que la contraception et l’iVG."

La fondation Lejeune diffuse un livret anti-IVG dans des lycées privés.
La fondation Lejeune diffuse un livret anti-IVG dans des lycées privés. - Capture d'écran Facebook

Quant à la fondation Lejeune, jointe par le Huffington Post, elle reconnaît fournir ces livrets "sur demande" dans des établissements scolaires. Et se défend : "Ce manuel a été écrit par des médecins, des juristes, des philosophes. On y expose de manière objective la question de l’avortement. Nous n’avons jamais eu de soucis. Ce n’est pas comme si c’était diffusé dans un centre de planning familial. Lorsque l’on met ses enfants dans un établissement catholique, pourquoi s’en étonner ? C’est la position de l’église sur l’avortement." Vendredi, suite au tollé provoqué par la diffusion à grande échelle de leur livret, la fondation a annoncé, par voie de communiqué, qu'elle avait décidé "d'aller devant la justice" pour des "déclarations injustes, relevant de la diffamation". Contacté par LCI, un porte-parole de la fondation confirme qu'une action en justice est en cours de préparation. "Pour le moment, nous réunissons nos avocats", précise-t-il, avant d'ajouter : " Certains ont présenté nos propos comme erronés. Nous ne pouvons pas l'accepter".

Dans combien d’établissements privés ces fascicules sont-ils distribués ? Le nombre est difficile à évaluer. Mais la fondation Lejeune estime que ce manuel, édité depuis dix ans, a été diffusé à plus de 500.000 exemplaires, "sans jamais faire polémique auparavant".


La rédaction de TF1info

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