RÉVÉLATIONS - Neuf employés de la Poste se sont donnés la mort ces trois dernières années, et cinq aurait survécu à leur tentative, révèle RTL ce jeudi. Contactée par LCI, la Poste assure "étudier la situation, point par point".
Des experts des comités d’hygiène et de sécurité (CHSCT) ont en effet donné l’alerte sur la situation sociale préoccupante de l’entreprise, à la suite d’une vague de suicides, a révélé RTL ce jeudi. Neuf facteurs se sont donnés la mort ces trois dernières années et cinq auraient survécu à une tentative sur leur lieu de travail. Le dernier, Charles Griffond, salarié de la Poste depuis 34 ans, a laissé avant de se suicider par pendaison le 17 juillet, deux lettres poignantes accusant son employeur d’avoir "petit à petit détruit ses employés, les vrais postiers, ceux qui avaient le contact avec les gens. Alors bougeons avec La Poste et mourrons grâce à La Poste", avait-il ajouté. Selon son fils, "on lui rajoutait des boîtes aux lettres et il ne pouvait plus suivre la cadence".
Remplir 900 boîtes aux lettres en une journée
En cause ? Des charges de travail trop importantes, une pression constante de la direction, des objectifs impossibles à atteindre : remplir 900 boîtes aux lettres en une journée, descendre de voiture environ 500 fois, livrer des colis à 40, voire 80 médecins, qu’il faut chercher dans des couloirs interminables… Le rythme de travail est lourd. Peu parviennent à finir leur tournée en temps et en heure. "Je n'ai jamais fini à l'heure, a expliqué à RTL un facteur en arrêt maladie pour burn-out. Je sortais de cet enfer, il était midi et je savais que je n'avais pas encore fait le quart de ma tournée. Et donc vous pleurez". Selon RTL toujours, les experts estiment que 20 à 30% des tournées sont "intenables" et que différents rapports ont été adressés à la direction depuis 2007.
Contactée par LCI, La Poste, qui s'était d'abord refusé à tout commentaire, le temps que "la direction étudie sérieusement la situation point par point", a finalement réagi aux révélations de la station. Mettant l'accent sur le nombre de ses collaborateurs et de sites (250.000 dans 15.000 endroits), le groupe a tout de même reconnu l'existence de "situations individuelles préoccupantes" et de "pratiques managériales non conformes à nos valeurs". Et d'attirer l'attention sur les "grands moyens de prévention" déployés : "2000 médecins, assistants sociaux, infirmiers et RH de proximité", précise le groupe. Ce que Eddy Talbot, secrétaire fédéral sud PTT dément : "le discours de la poste c'est de dire qu'il y a un dialogue permanent. En fait, il n'y a aucun dialogue", en dépit des nombreuses alertes lancées par les syndicats. "On se heurte à un véritable mur du silence aujourd'hui. Les arrêts maladie sont en augmentation constante. Pour donner une idée, le nombre d'arrêts maladie à la Poste est près de 50% supérieur à la moyenne des autres entreprises".