REPORTAGE - Vingt ans après l'explosion de l'usine d'AZF à Toulouse, les tensions restent vives entre les anciens salariés et les sinistrés. Ce mardi, trois cérémonies distinctes ont eu lieu pour commémorer le drame.
Des blessures toujours à vif. Vingt années ont beau avoir passé depuis l'explosion de l'usine d'AZF, salariés et sinistrés ne se mélangent pas. Ce mardi, les cérémonies de commémoration se sont, une nouvelle fois, tenues en ordre dispersé.
Les anciens salariés se sont réunis sur le site toulousain dès 10h. "En fait, ils [les sinistrés, ndlr] ne se mélangent pas à nous parce qu’ils nous rendent un peu responsables de l’explosion", explique l'un d'entre eux face aux caméras de TF1 dans le reportage en tête de cet article. "Ils pensent que c’était une poubelle, ce n’est pas vrai. Si c’était une poubelle, on n’y aurait pas travaillé. On n’est pas si fous que ça", renchérit un autre.
À quelques centaines de mètres, le ton est donné. "Nous ne serons pas sur le site car, pour nous, c’est impensable d’être à côté de ceux qui ont produit cet accident", clame une représentante d’une association de victimes. "C’est eux qui ont causé la catastrophe, qui ont causé tout ça. On ne peut pas se mélanger avec eux", estime, de son côté, un riverain. La voix tremblante, France, 71 ans, peine, elle, à contenir ses larmes. Son père est mort quelques mois après l'explosion, des suites de ses blessures. "Il a eu les doigts arrachés, les genoux écrasés... Non, aucune cicatrice n'est refermée aujourd'hui", assène-t-elle auprès de l'AFP.
Une cérémonie officielle... sans membre du gouvernement
Une troisième cérémonie a été organisée au mémorial. Devant une centaine d'élus territoriaux, représentants de l'État, pompiers ou membres d'associations de victimes, les noms des 31 victimes décédées ont été égrenés. Des gerbes de fleurs ont ensuite été déposées au pied du mémorial et une minute de silence a été respectée, sans discours. Sur place, les participants ont plutôt prôné l'apaisement. "On pourrait revivre ça avec plus de sérénité, d’amour", argue France Prudhom, membre de l’association "Les victimes d’AZF". "Cela fait plusieurs années que je plaide pour une cérémonie plus consensuelle", déclare Serge Biechlin, l'ancien directeur de l’usine d'AZF. "Mais je comprends tous ceux qui n’ont pas envie de subir alors qu’ils ne devraient pas subir".
À noter qu'aucun membre du gouvernement ne s'est rendu sur place. "Pensées aux victimes et à leurs familles. La France se souvient", a toutefois réagi sur Twitter le président Emmanuel Macron.
Le 21 septembre 2001, à 10h17, la ville de Toulouse était touchée par la terrible explosion de l’usine AZF. Pensées aux victimes et à leurs familles. La France se souvient. — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 21, 2021
Le Premier ministre Jean Castex y est également allé de son petit mot sur les réseaux sociaux : "La Nation s'incline respectueusement en mémoire des victimes".
Il y a 20 ans, l'explosion de l'usine AZF endeuillait la France et plongeait Toulouse dans l'effroi et la sidération. La Nation s'incline respectueusement en mémoire des victimes. Mes pensées accompagnent les Toulousains dont je sais l'émotion toujours vive et le souvenir intact. — Jean Castex (@JeanCASTEX) September 21, 2021
Lire aussi
VIDÉO - "On y pense encore et on a mal" : 20 ans après la catastrophe AZF, le témoignage d'habitants encore sous le choc
Lire aussi
"J'ai cru qu'un avion emportait le toit de la maison" : 20 ans après, des rescapés racontent la catastrophe d'AZF à Toulouse
Ce mardi, un nouveau parcours mémoriel a été inauguré sur le site de l'ancienne usine. Neuf panneaux retraçant son histoire, la catastrophe, puis l'après avec les nombreux procès notamment.