"On n'y comprend plus rien" : les contours du bac (encore) modifiés

Maxence GEVIN | A. FIELLER, D. LABORDE, V. CAPUS
Publié le 23 novembre 2021 à 15h33, mis à jour le 24 novembre 2021 à 10h46

Source : TF1 Info

AJUSTEMENTS - Après deux années perturbées par la crise sanitaire, le ministère de l’Éducation redessine une nouvelle fois les contours du bac. Plusieurs changements sont ainsi mis en place.

C'est désormais presque une tradition. Depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, le gouvernement multiplie les mesures pour transformer le baccalauréat. À son arrivée au ministère de l’Éducation nationale en 2017, Jean-Michel Blanquer avait déclaré vouloir "redonner du sens" au diplôme, insistant sur la nécessité de "simplification". Depuis, les filières - S, L et ES - ont été démantelées et une place plus importante a été conférée au contrôle continu. 

Le bac "Blanquer", tel qu'annoncé, est constitué de 60% d'épreuves finales et de 40% de contrôle continu. Dans le détail, 30% devaient initialement être composés par des "évaluations communes", c'est-à-dire des contrôles organisés à la même période dans plusieurs lycées, et 10 % par les notes du bulletin scolaire. Finalement, le ministère de l'Éducation a changé d'avis cet été, décidant de supprimer ces examens communs du calcul du contrôle continu. Seuls les contrôles "classiques" compteront donc pour 40% de la note finale des bacheliers. 

Une grande marge de manœuvre aux professeurs

Mais de nouveau changements viennent d'être actés par le ministère de l'Éducation nationale. Ainsi, les contrôles passés dans les disciplines examinées à l'épreuve du bac (français, philosophie et spécialités) ne seront pas comptabilisés. "Un même enseignement ne peut être évalué de deux manières différentes : il relève soit d’une épreuve terminale, soit du contrôle continu", fait valoir le ministère dans un texte publié sur son site le 20 octobre

Surtout, ce sont les professeurs qui décideront quels devoirs rentreront dans le champ du contrôle continu dans les matières concernées. Cela signifie que toutes les notes ne seront pas retenues pour le résultat final du baccalauréat. À noter que les élèves sauront en avance quels devoirs seront "certificatifs". "Le nombre de devoirs certificatifs sera le même pour toutes les matières au sein de chaque lycée, précise l'Éducation Nationale, contactée par LCI. Autrement dit, le nombre de devoirs comptant pour le contrôle continu sera similaire d'une matière à une autre dans un même établissement. "Les coefficients, eux, sont définis par les textes", ajoute le ministère. Les élèves connaîtront donc à l'avance l'importance de tel ou tel devoir. 

Scepticisme chez les élèves et les parents

Pour autant, cette annonce passe mal chez les principaux concernés. "Je préfère que toutes les notes comptent. Ça met plus de pression mais, au moins, si on loupe un contrôle, on peut remonter avec un autre", déclare à TF1 un élève de terminale dans le reportage en tête de cet article. "C’est déjà assez compliqué d’avoir fait réformes sur réformes. Là, on n’y comprend plus rien", s'inquiète, de son côté, une mère. 

Quand le ministre parle de souplesse, nous on comprend inégalités
Serge Muller, secrétaire-adjoint du SNES

Même son de cloche du côté des syndicats, qui s'inquiètent que de telles responsabilités (choix des critères et du calendrier d’évaluation) soient confiées à chaque lycée. Selon eux, ces dispositions vont encore aggraver les disparités entre les établissements. "L’examen certifiera de moins en moins un niveau attesté nationalement, mais de plus en plus des considérations purement locales. Selon où seront les élèves, le diplôme ne vaudra pas la même chose", avance Serge Muller, secrétaire général-adjoint du SNES. "Quand le ministre parle de souplesse, nous comprenons inégalités", fustige-t-il. 

Selon le ministère, ces dispositions seront pleinement effectives à partir de 2023. Un "régime transitoire" est prévu pour les bacheliers qui passeront leurs examens en juin 2022. Il prévoit notamment que les élèves concernés "conservent le bénéfice" de leurs moyennes de 1ère malgré un mode de calcul différent. 


Maxence GEVIN | A. FIELLER, D. LABORDE, V. CAPUS

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