"Ça devait être provisoire" : elle a dormi 70 nuits dans sa salle de sport avec son fils

A.P
Publié le 3 février 2021 à 12h37, mis à jour le 3 février 2021 à 16h19

Source : JT 20h Semaine

PRÉCARITÉ - Faute de pouvoir payer son loyer, Cyrille Tirard, gérante d'une salle de sport a été obligée d'emménager dans les vestiaires avec son fils. Elle fait partie des nombreux Français pour qui la crise sanitaire est synonyme de crise économique.

Tous les soirs, pendant plus de deux mois, Cyrille Tirard a dormi dans un vestiaire avec son fils. Un matelas et quelques sacs de couchages étaient installés à même le sol. Son histoire est simple : gérante d'une salle de sport à Narbonne, elle n'a plus les moyens de payer son loyer. 

La fermeture administrative de son établissement L'Orange bleue et les charges qui se sont accumulées ont englouti toutes ses économies. "Ça devait être provisoire mais on est resté plus de 70 nuits à dormir ici avec mon fils", raconte cette mère de famille en faisant visiter les lieux aux équipes de TF1. 

Une nouvelle catégorie de personnes toque à notre porte
Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre

Selon le rapport réalisé par la Fondation Abbé Pierre, la France compte 4,1 millions de personnes mal-logées et 300.000 sans domicile. "Le logement représente la première dépense des ménages. En moyenne, un foyer consacre 25% de ses revenus pour son loyer. Pour les plus précaires ça peut grimper jusqu'à 50%", nous rappelle Christophe Robert, délégué général à la fondation. Conséquence de la crise sanitaire, la situation financière de 32% des Français s'est dégradée et l'organisation craint que le nombre de loyers impayés n'explose dans les prochains mois. 

Par ailleurs, le rapport souligne que la crise sanitaire a plongé dans la précarité un nouveau public. De nombreux foyers jusqu'ici protégés, sont eux aussi fragilisés. "On voit une nouvelle catégorie de personnes qui toque à notre porte comme des artisans ou encore des auto-entrepreneurs. Jusque-là, ces gens avaient réussi à se débrouiller mais ils doivent désormais baisser leurs dépenses", continue Christophe Robert. 

On commence à décliner doucement
Cyrille Tirard, gérante d'une salle de sport à Narbonne

Cyrille Tirard s'inscrit dans cette catégorie de personnes. Avant l'épidémie, elle n'avait jamais connu de coup dur financier. "J'ai toujours eu un salaire et ma vie a été belle. J'ai élevé mes enfants dans une maison avec jardin", détaille-t-elle. En janvier 2020, cette femme a inauguré sa salle de sport. Mais deux mois plus tard, elle a dû fermer les portes de son établissement à la suite du premier confinement. Résultat : toute son activité a été suspendue. Mais les charges et les emprunts, soit 17.000 euros à payer par mois, sont restés à rembourser. 

Une situation difficile mais Cyrille Tirard a tenu le choc... jusqu'au deuxième confinement. "Les aides sont présentes mais elles ne couvrent pas les charges mensuelles. On commence à décliner doucement et je commence à faire l'impasse sur mon salaire", avoue cette femme. Puisqu'elle ne bénéficie pas du statut de salarié, elle ne peut pas s'appuyer sur le chômage pour vivre. Rapidement, un choix s'impose à elle : payer son loyer ou bien sauver son entreprise. Elle opte pour la seconde solution.  

Avec son fils âgé de 16 ans, ils décident de se battre coûte que coûte. "Ça fait bizarre de se retrouver dans cette situation. J'ai mis quelques semaines à en parler avec mes copains. Au début je le mentionnais plus sur le ton de la rigolade", avoue l'adolescent. Sa mère raconte qu'il avait l'habitude de se glisser dans un petit coin dans le vestiaire des hommes. Des moments très difficiles à commencer par les températures très basses qui empêchent de fermer l'œil la nuit. "C'est le froid qui était le plus pénible et aussi le fait d'être toujours dans cet environnement sans pouvoir trouver de solution", raconte Cyrille.

Aujourd'hui, cette mère et son fils sont hébergés dans une maison prêtée par un couple. Une situation encore précaire mais qui lui permet de dormir au chaud. "Je n'ai pas de colère mais une grande tristesse", admet-elle. Elle affirme qu'une dizaine de collègues sont dans la même situation. Pour rappel, le nombre de personnes sans domicile fixe a doublé depuis 2012 en France. 


A.P

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