VIDEO - Des CRS passent à tabac un manifestant au visage masqué

par Antoine RONDEL
Publié le 30 avril 2016 à 17h02
VIDEO - Des CRS passent à tabac un manifestant au visage masqué

TABAC - Une vidéo tournée par un journaliste connait un succès probant sur les réseaux sociaux. On y voit plusieurs CRS matraquer un manifestant sans raison apparente, jeudi 28 avril, lors de la manifestation contre la loi Travail, à Paris. Eclairage avec l'auteur de la vidéo.

La scène est courte et particulièrement violente. Nous sommes dans le cortège parisien de la manifestation du 28 avril, dans le 12e arrondissement, entre Ledru-Rollin et Daumesnil. Une jeune femme a le nez en l'air, les yeux visiblement irrités par les gaz lacrymogènes. A côté d'elle, un homme à capuche s'approche d'elle pour lui verser du sérum physiologique.

"Enlève ton foulard !"

A quelques pas d'eux, les CRS passent en colonne. Quand l'un d'eux s'adresse à l'homme, le pousse, se fait repousser et, rapidement assisté par ses collègues, passent à tabac le manifestant. La raison de ce déchaînement de violence, metronews est allé la chercher auprès de l'auteur de cette vidéo, Simon Guillemin, reporter photographe d'agence. "Le CRS lui a demandé d'enlever son keffieh, qui lui cachait le visage", nous raconte-t-il. Un foulard que les forces de l'ordre soupçonnent les manifestants de porter pour dissimuler leur visage... et non pour se protéger des lacrymo. La différence est d'importance : la loi interdit cette dissimulation sur les lieux publics sauf pour des questions de santé.

Le manifestant ne réagissant pas assez vite, occupé qu'il était à "verser du sérum physiologique dans les yeux de sa voisine", quelques CRS s'occupent violemment de son cas, lui administrant des coups de matraque pendant quelques secondes. Juste à côté, la caméra embarquée de Simon Guillemin n'en manque pas une miette. Un CRS lui intime : "Prends pas de photo !" Mais le photographe garde son appareil. "Depuis que je couvre les manifs, je les sens très frileux, ils ne sont pas sereins. S'ils sont sur une photo, ils voit avoir peur du détournement de l'image."

Des forces de l'ordre "à bout"

La nervosité des policiers, ce photographe l'a vécue aussi : "A République, je me suis pris un coup de matraque sur le crâne". Mais, sans défendre cette violence, il n'a pas envie d'enfoncer les forces de l'ordre. "Avec l'état d'urgence, on sent qu'ils sont à bout. Certains, comme celui qu'on peut voir sur la vidéo donner un coup de matraque pour rien, sont dans la violence gratuite. Mais je n'imagine pas que ce soit la majorité.

Interrogée sur la vidéo, la préfecture n'a pas souhaité apporter de commentaire, faute de contexte suffisant. Mais une source policière, à qui metronews a décrit la scène, nous explique tout de même : "Dans un contexte d'état d'urgence, on ne vient pas en manifestation le visage masqué", ajoutant que ces méthodes étaient prévues dans les gestes et techniques professionnelles d'intervention des suspects, en particulier envers les manifestants "aguerris" (entendre par là les manifestants équipés pour affronter les gaz lacrymogènes). De là à dire que certaines blessures sont légitimes, il n'y a qu'un pas.

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Antoine RONDEL

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