Elle vit dans 12 m² sans ordinateur : le quotidien "usant" d'Islem, étudiante au temps du Covid

TÉMOIGNAGE - Entre les cours à distance, l'isolement et la précarité, la crise sanitaire a des effets dévastateurs sur le quotidien de nombreux étudiants. Islem Amara, 22 ans, nous fait partager le sien.
Elle n’a pas remis les pieds à la fac depuis des mois. Islem Amara est étudiante en deuxième année de licence en Sciences de la vie à l’Université de Bordeaux. La jeune femme de 22 ans suit désormais les cours depuis sa chambre universitaire et enchaîne les visioconférences, équipée d'un simple téléphone en guise d'ordinateur. Elle dispose de seulement 12 m² pour travailler, faire la cuisine et dormir. "On tourne un peu en rond", confie l'étudiante. Une vie au ralenti qui pèse de plus en plus sur son moral : "On reste toute la journée derrière notre écran. C’est usant à force".
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Vie sociale au point mort, incertitudes liées à l'avenir, difficultés financières... Les étudiants subissent la pandémie de plein fouet, plongeant certains dans un grand désarroi. Selon un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental, dévoilé ce jeudi 28 janvier par Le Parisien, pas moins de 40% des 18-25 ans font état d'un trouble anxieux généralisé. Trois jeunes sur dix rapportent même avoir déjà eu des idées noires. Un mal-être et un sentiment d'abandon qui inquiètent de plus en plus les psychologues.
Islem, elle, n'a toujours pas pu faire la connaissance de ses 150 camarades de promo. "J'ai le sentiment nous empêche de vivre notre vie (...) Et avec les cours à distance, c'est impossible de se faire de nouveaux amis", souligne la jeune femme. C'est pourtant sur les bancs de l'université que l'on noue de nouvelles relations sociales et amicales, dont certaines se prolongeront tout au long de la vie. Et ces dernières semaines avec le couvre-feu, c'est encore plus compliqué. "La semaine, quand on termine les cours, il est déjà trop tard pour sortir. Et le week-end, il faut se voir avant 18 heures...", explique Islem.
Des mesures gouvernementales pour aider les étudiants
À l'isolement s'ajoutent également pour certains les difficultés financières. Depuis mars 2020, quelque 450.000 jeunes ont perdu leur travail d'étudiant. Avec la fermeture des bars et des restaurants notamment, le nombre d'offres d'emploi a baissé de 20% l'an dernier par rapport à 2019. En conséquence, les étudiants ont perdu en moyenne 274 euros de revenus par mois. Les nouvelles mesures prises par l'exécutif au mois de janvier, comme les repas dans les restaurants universitaires à un euro, ont pour objectif d'aider les plus précaires.
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Autre conséquence, le risque de décrochage scolaire. De plus en plus d'étudiants, ne voyant pas le bout du tunnel, envisagent en effet de suspendre leurs études. La meilleure amie d'Islem, Justine, y réfléchit sérieusement. "Ce n’est pas le bon moment pour tout lâcher et faire son entrée dans la vie active, mais cela devient vraiment compliqué de faire ses études. Beaucoup de gens autour de moi pensent la même chose", confie la jeune femme. Islem, elle, continue de s'accrocher. "En contrepartie, on sauve des vies. Mais ce sont des sacrifices"...
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