"ET JE COUPE LE SON..." - Vidéos à l'appui, des internautes dénoncent l'action des forces de l'ordre qui auraient détruit du matériel des participants à la rave-party de Redon, ce samedi, lors de l'évacuation des lieux. La préfecture d'Ille-et-Vilaine n'a pas contesté ces accusations.
Une nuit d'affrontements violents et des enceintes réduites au silence. Au lendemain des heurts très violents entre les forces de l'ordre et des "teufeurs" à Redon, en Ille-et-Vilaine, la préfecture a dispersé samedi en fin d'après-midi les 500 derniers participants à cette fête sauvage qui s'était installée sur l'hippodrome de la ville. Débutée à 17h, l'opération a pris fin vers 18h30, selon la préfecture. Près de deux heures au cours desquelles la gendarmerie est accusée d'avoir volontairement détruit le matériel des participants. Par ailleurs, onze gendarmes ont été blessés depuis vendredi soir, selon le dernier bilan communiqué par la préfecture, ainsi que plusieurs participants, dont un jeune de 22 ans qui "a perdu une main".
Les témoignages corroborent les accusations
Cette évacuation a été facilitée par "la saisie provisoire des matériels utilisés", comme s'en est félicité le ministère de l'Intérieur lui-même sur les réseaux sociaux. Or, sur les photos, le matériel en question apparaît pour le moins abîmé. Que s'est-il passé ?
Les seules images dont nous disposons de cette opération sont des vidéos amateur. Publiées sur les réseaux sociaux, elles montrent notamment des gendarmes s'acharner sur le matériel sonore des fêtards. Des images corroborées par les témoignages que nous avons pu recueillir.
Des forces de "désordre" en train de détruire les biens des citoyens à #Redon ce samedi, Pquoi? #Casseurs #raveparty pic.twitter.com/3sXcVIMjyb — LE GENERAL 💎 (@LE_GENERAL_OFF) June 19, 2021
Selon Victor Lacroix, président de Médiason, une agence de prestations techniques sonores, les gendarmes sont "arrivés en cassant le maximum de matériel". Même constat pour un bénévole qui assiste juridiquement les organisateurs de l'événement. "Les forces de l'ordre ont détruit le matériel, parfois de location, avec des haches, des masses, des matraques", liste-t-il, auprès de LCI.fr. Lui évoque "plusieurs dizaines de milliers d'euros d'instruments de musique, d'outils de création artistique, détruits".
Une destruction totalement illégale de la part des forces de l'ordre
Me Marianne Rostan
Une opération "totalement illégale", pour ce bénévole. Un avis partagé par Me Marianne Rostan. Avocate au barreau de Paris, c'est elle qui a notamment défendu les teufeurs présents à la party de Nantes lors de la mort de Steve Maia Caniço, en juin 2019. Auprès de TF1, elle a rappelé que le seul cas de figure dans lequel il est possible que du matériel ou des biens soient détruits avant un jugement "c'est sur décision du procureur de la République, quand ces biens sont dangereux, nuisibles ou illicites". "Ce qui n'est absolument pas le cas s'agissant de matériel de sonorisation", souligne-t-elle. Et de résumer : "On est donc dans une destruction totalement illégale de la part des forces de l'ordre."
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Le préfet d'Ille-et-Vilaine, lui, assume la mise hors service des murs de son. Devant les caméras, Emmanuel Berthier a répété à plusieurs reprises que le matériel avait été "neutralisé", sans préciser les moyens utilisés. Interrogée pour avoir plus d'explications sur ces images, la préfecture n'était pas joignable ce dimanche. Quant à la gendarmerie, elle ne conteste pas non plus ces accusations. Elle explique simplement que l'évacuation devait se faire "rapidement".
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