VIDÉO - Gibraltar, le Las Vegas européen

par Stéphane CHARTIER
Publié le 29 novembre 2020 à 8h07

Source : TF1 Info

Des couples, mis sous pression en raison de l'épidémie de Covid, se voient dans l'obligation de se marier rapidement. Au point d'avoir à se dire oui à Gibraltar, où l'officialisation administrative d'un mariage se fait en mode express.

Gibraltar devient à la faveur de l’épidémie de Covid, le Las Vegas européen, où l’on peut se marier rapidement et facilement, avant de faire valider son union dans son pays d’origine. En effet, en ces temps de pandémie, les administrations sont lentes et les délais s’allongent pour fixer une date. 

Or, certains couples ne peuvent plus attendre. Ce n’est pas par exotisme ni par souci d’originalité que les couples décident de se dire "oui" sur le Rocher, mais parce que leur situation nécessite une régularisation urgente ou que leur relation est entravée par les mesures prises par les États pour endiguer la pandémie. 

Des situations crève-cœur

 Pour des raisons multiples, de nombreux couples ne peuvent plus attendre pour sceller leur union. Certains projets nécessitent un statut matrimonial officiel pour pouvoir se réaliser. Tel ce couple de femmes dont la sécurité sociale ne remboursera la procréation médicale assistée que si elles sont mariées. 

Un autre cas de figure très courant est celui d’une personne ayant reçu une offre d’emploi à l’étranger et qui ne peut partir en couple qu’en étant marié. 

Ou encore des couples bi-nationaux ne pouvant même plus se rencontrer à cause des restrictions d’entrée dans le pays de l’un des conjoints. Vivre séparés sans même savoir quand ils pourront se rapprocher, sans se rendre visite et encore moins pouvoir s’installer ensemble, est un crève-cœur.  

En janvier dernier, Scott Gerow, un Américain de 41 ans en poste à St Petersbourg, rencontre Katya, DRH russe de 44 ans. Six mois plus tard, Scott doit repartir aux Etats-Unis, à des milliers de kilomètres de celle qu’il aime, avec l'impossibilité de la revoir en raison des restrictions imposées par leurs deux pays. Leur mariage en novembre à Gibraltar, a permis de mettre un terme à cet éloignement douloureux, ponctué d’appels vidéo quotidiens, et à Katya de rejoindre son époux aux Etats-Unis.

Ce fut la même démarche qu’entreprit Liza Ursini, infirmière canadienne de 57 ans qui s'est mariée en octobre avec un Espagnol, permettant à ce dernier de la rejoindre au Québec.

 

Un havre épargné par l’épidémie

 

Passeports, certificats de naissance et un séjour d'au moins une nuit sur place, avant ou après le mariage : ce sont les seules exigences requises pour se marier à Gibraltar, dont la frontière n’a jamais fermé depuis le début de l'épidémie. Ne reste ensuite qu'à faire enregistrer ce mariage par les autorités des pays d’origine, une fois rentré à la maison.

En plus de sa flexibilité, ce petit territoire britannique à la pointe sud de l’Espagne impose des règles moins strictes sur le port du masque ou le nombre de personnes pouvant se réunir. En effet, Gibraltar n'a enregistré son premier mort du Covid que début novembre, et ne se sent pas en alerte épidémique.

Certes la plupart des couples se marient sans leur famille, en raison du prix du voyage mais beaucoup utilisent ordinateurs ou téléphones portables pour diffuser la cérémonie en direct à leurs proches. Et si ces derniers veulent et peuvent les entourer à cette occasion, le nombre de convives n’est pas restreint comme dans la plupart des Etats européens. 

 

Un symbole qui remonte aux années 60

Gibraltar est devenu le Las Vegas européen. Si cette position est ravivée par le Covid, l’engouement a des racines plus anciennes, qui remontent à la fin des années soixante. C’est en 1969 que John Lennon y passe la bague au doigt de Yoko Ono, évènement immortalisé par une photo du couple devant l'immense rocher de Gibraltar et la chanson des Beatles "La ballade de John et Yoko".

Bien que situé au sud de l’Espagne, ce n’est pas sous le portrait du roi Felipe que les mariés se promettent l’un à l’autre à jamais, mais sous le regard de sa gracieuse majesté la reine d’Angleterre. Et Fabian Picardo, le chef du gouvernement de ce confetti sous administration britannique depuis 1713 mais toujours revendiqué par l'Espagne, se dit enchanté que son petit Rocher soit "reconnu comme un endroit où règne l'amour, plus que la division".


Stéphane CHARTIER

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