Reconfinement : "Nous considérons qu'on ne peut pas attendre", plaide Karine Lacombe

MESURE - Invitée du Grand Jury ce dimanche 24 janvier, l'infectiologue Karine Lacombe ne tergiverse pas face à la possible mise en place d'un troisième confinement. Elle appelle les autorités à prendre cette mesure le plus rapidement possible.
Peut-on encore attendre avant de reconfiner la France ? La question est sur toutes les lèvres jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Mais les scientifiques sont formels, non seulement "le reconfinement apparaît irrémédiable", mais il doit être instauré "sans attendre", comme l'a confirmé ce dimanche l'infectiologue et chef de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris Karine Lacombe, invitée du Grand Jury.
"Certains membres du gouvernement considèrent qu'on peut attendre, nous, scientifiques, considérons qu'on ne peut pas attendre", a-t-elle souligné ajoutant "qu'il est toujours plus efficace d'être en préventif plutôt que de mettre en place un confinement alors qu'on est déjà au bord de craquer [dans les hôpitaux, ndlr]".
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Pour l'infectiologue et membre du Conseil scientifique, "plusieurs indicateurs laissent penser qu'on est très proche d'une situation extrêmement dangereuse", explique-t-elle. Il y a d'abord, le nombre d'hospitalisations qui augmente. "Je vous rappelle que dans les deux périodes qui ont précédé le confinement, celui de mars et celui d'octobre, on était à 30.000 personnes hospitalisées. Nous approchons de ce seuil là", a-t-elle souligné.
Le nombre de personnes hospitalisées en réanimation est par ailleurs l'autre critère de référence, et là aussi les indicateurs ne sont pas bons. "A l'occasion du premier confinement, on était entre 7.000 et 8.000 personnes hospitalisées dans ces services, là nous atteignons le seuil de 3.000". Si ce chiffre s'avère beaucoup moins important à l'heure actuelle, "lors du premier confinement, la quasi intégralité des places de réanimation en France était occupée par des patients Covid, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", explique-t-elle. Ce qui l'amène à conclure que le seuil de saturation du milieu hospitalier va être bientôt atteint. D'ailleurs, "on a commencé à déprogrammer cette semaine en Île-de-France", a-t-elle ajouté.
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Quid alors du couvre-feu à 18h ? La mesure est-elle d'ores et déjà vouée à l'échec ? "On peut dire que c'est une mesure efficace car cela nous a permis de rester pendant plusieurs semaines sur un plateau", avance la scientifique. "Mais dans les semaines à venir, on va être face à une difficulté si on reste uniquement sur ce couvre-feu à 18h", dit-elle, prônant un confinement similaire à celui d'octobre.
"Ce serait un bon compromis entre la nécessité sanitaire et les besoins d'une vie économique, avec un maintien des écoles ouvertes, parce qu'on sait qu'une fermeture sur le long terme peut être très préjudiciable pour le bien-être des enfants et des familles", estime-t-elle, tout en faisant une différence entre le primaire et le secondaire. Car face au variant anglais, on sait que les adolescents sont plus à même d'être contaminés. "Il faudra suivre les indicateurs", répond Karine Lacombe.
Une chose est sûre, pour l'infectiologue "toutes les modélisations montrent que d'ici le mois de mars ce variant anglais sera majoritaire dans plus de 95% des cas. Il est plus contagieux et des données très récentes montrent que, peut être, il y a un surcroît de mortalité, d'où la nécessité de confiner avant que ce variant ne submerge la France", répète-t-elle, s'inquiétant que l'exécutif tarde à prendre cette décision. "Ne pas agir suffisamment tôt, c'est laisser ce variant s'installer et se répliquer", prévient-elle.
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