Les "coussins berlinois", ces ralentisseurs low-cost dans le viseur de la justice

ENQUÊTE - Plus de 150.000 ralentisseurs ont été installés partout dans l'Hexagone ces 20 dernières années. Certains sont bon marché, mais peuvent être très dangereux même en roulant à faible allure. Une plainte a été déposée.
Depuis plusieurs années, ils sont devenus le cauchemar des motards et des vélos. Le "coussin berlinois", un ralentisseur low-cost en caoutchouc de trois mètres sur 1,80m, occasionne de plus en plus d’accidents. Ce fut le cas de Christophe qui, en avril 2018, a subi un accident en moto alors qu’il empruntait pour la première fois une route munie d’un coussin berlinois. En voulant l'éviter, il a chuté.
"Sans ce dispositif à la sortie d’un virage en descente, je ne serais pas tombé", déplore-t-il. Si les examens médicaux ne montrent aucune brûlure sur la peau et un choc faible subi par le motard, ce dernier en garde des séquelles, notamment au niveau des lombaires et des disques de la colonne vertébrale : "J’ai des douleurs lombaires tous les jours. C’est ce qui me rappelle tous les jours mon accident."
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Un matériau usé trop rapidement
Aujourd’hui, ces infrastructures se retrouvent dans le viseur de la justice, suite à une plainte déposée le mois dernier auprès du parquet de Toulon par trois associations d'automobilistes. Selon ces dernières, les coussins berlinois devraient être interdits depuis 2009. Cette année-là, le ministre des Transports avait indiqué dans le cadre d’une question parlementaire que le caoutchouc utilisé pour la conception des coussins n’était pas autorisé. En cause, l’usure que subit le matériau, qui devient lisse, n’offrant plus aucune aspérité et devenant alors trop glissant.
"C’est du low-cost, on voit bien que le caoutchouc se déchire petit à petit et que les vis ont commencé à s’arracher. Ainsi, le ralentisseur ne tient plus au sol", constate Thierry Modolo, président de l’association "Pour une mobilité sereine et durable". La plainte déposée en justice concerne la quasi-totalité des 150 communes du Var.
Trois fois moins cher qu'un dos-d'âne
Selon le maire de La Valette-du-Var, Thierry Albertini c’est avant tout "une question de temps et de budget" : "Il suffit de l’acheter et de le poser et il est installé." En effet, ce type de ralentisseur représente un coût situé entre 2.000 et 3.000 euros, soit trois fois moins qu’un dos-d'âne classique. Néanmoins, cet élu a décidé de les retirer de ses routes : "Au début des années 2000, c’était quelque chose qui s’installait très facilement. Progressivement, on en est revenus car ils ont vieilli, sont bruyants, et représentent quand même une dangerosité."
Pour ne rien arranger, selon Benoît Hiron, chef du groupe sécurité des usages et déplacements au centre d'études et d'expertise sur les risques (CEREMA), l'environnement, la mobilité et l'aménagement, le coussin berlinois ne serait plus vraiment adapté aux véhicules en circulation : "Il y a de plus en plus de vélos, de motos, je pense qu’il faut évoluer sur ce produit, sur le matériau. Pourquoi pas faire un monobloc et non plus plusieurs éléments. L’idée est de faire ralentir les gens, pas de créer des accidents."
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En attendant une éventuelle évolution des fabricants, la justice devra se prononcer. Après l'ouverture d'une information judiciaire pour "mise en danger de la vie d'autrui" le mois dernier, l’instruction vient de commencer et va durer plusieurs mois.
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