Sécurité des ponts : une situation inquiétante, notamment à Lyon

V. F
Publié le 25 juin 2021 à 13h14, mis à jour le 25 juin 2021 à 16h19

Source : JT 13h Semaine

ROUTES - Selon un rapport du Sénat de 2019, 25.000 ponts sont en mauvais état en France. Comme à Lyon où la ville et son agglomération viennent d'en fermer plusieurs en attendant d'y engager les travaux nécessaires.

La catastrophe avait marqué les esprits. Après l’effondrement d'un pont à Gênes en Italie, le 14 août 2018, dans lequel 43 personnes ont péri, une question s'est très vite posée : et si un tel scénario se produisait en France ?  Une mission d’information du Sénat a voulu en avoir le cœur net et s'est penchée sur l'état de santé des dizaines de milliers de viaducs et de ponts, et sur les conditions de leur surveillance et de leur entretien. Son rapport, publié en 2019, est  sans appel : la situation est "alarmante", selon ses propres termes. 

Selon le Sénat, ce sont plus de 25.000 ponts qui sont "en mauvais état structurel" et "posent des problèmes de sécurité". En moyenne, cinq ponts par département devront être reconstruits dans les cinq ans à venir. Et 7 % des 12.000 ponts appartenant à l’État présentent "à terme un risque d’effondrement".

"A bout de course"

Ces chiffres inquiétants sont la conséquence d’un réseau qui a vieilli : 2800 ponts - un quart des ponts de l’État - ont été construits dans les années 50 et 60 et arrivent progressivement en fin de vie. À cela s’ajoutent des facteurs aggravants, comme le réchauffement climatique et les évènements météorologiques de plus en plus intensifs (tempêtes, crues), qui fragilisent les structures. 

A Lyon, par exemple, un des ponts de la ville est sous haute surveillance, "à bout de course", selon les experts. Construit en 1957, ses câbles porteurs souffrent des canicules à répétition. Alors, par mesure de sécurité pour alléger le trafic, la métropole  vient de le placer en sens unique. Ce qui ne facilite pas la vie des riverains. "Ça risque de créer pas mal de bouchons et des problèmes de perturbation", argue ainsi un automobiliste. En effet, pour traverser le Rhône depuis la commune de Solaize, il faut faire un détour de 30 minutes. 

Une mesure temporaire selon les élus, mais les habitants sont tout de même en colère. "C'est catastrophique pour les commerçants, mais aussi pour tous les citoyens. Depuis dix ans, on en parle, on sait qu'il est fragilisé, et on aurait pu déjà investir là-dedans", s'insurge une habitante. 

Mais dans la région, ce pont vieillissant n'est pas un cas isolé. En avril dernier, la passerelle de Couzon-au-Mont-d'Or a bien failli s'écrouler au passage d'un camion de 32 tonnes. Dans la métropole, douze ponts auraient besoin d'être rénovés en urgence. Une facture salée pour le contribuable puisqu'elle s'élève à 47 millions d'euros. "Il y a des ponts qui supportent un trafic très important, donc ils s'usent plus vite, notamment avec les poids-lourds. Et puis, il y a eu un entretien un peu plus léger", explique Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la métropole de Lyon, chargé des transports.

A Vernaison, les experts envisagent de détruire l'ouvrage pour le reconstruire entièrement. Parmi les autres réponses opérationnelles, les dix sénateurs de la mission recommandent de mettre en place un "carnet de santé" pour chaque pont, d’offrir une ingénierie aux collectivités à travers l’Agence nationale de cohésion des territoires, ou encore d’encourager les cofinancements entre collectivités.


V. F

Tout
TF1 Info