Calais : malgré le naufrage, des migrants déterminés à franchir la Manche coûte que coûte

TF1 | Reportage M. GUIHEUX, V. PIERRON et E. FOURNY
Publié le 28 novembre 2021 à 20h13, mis à jour le 29 novembre 2021 à 0h07

Source : JT 20h WE

REPORTAGE - Frappés par la mort de 27 personnes qui tentaient la traversée au large des côtes de Calais mercredi, les migrants installés dans des camps en bordure de la ville espèrent pourtant toujours rallier l’Angleterre. Les passeurs, eux, continuent de les aborder.

Les ministres de l'Intérieur de plusieurs pays européens se sont retrouvés cet après-midi à Calais, pour évoquer la crise migratoire et les tensions avec le Royaume-Uni. Mais sur place, dans les camps de fortune qui bordent la côte de la ville portuaire à Dunkerque, les migrants, eux, rêvent toujours de traverser la Manche. 

Tous ont entendu parler du naufrage de mercredi 24 novembre, le plus meurtrier jamais survenu dans la Manche, qui a emporté 27 personnes qui tentaient de rallier les côtes anglaises. Plus qu’avant encore, chacun a en tête les dangers que représente la traversée. Mais ils restent déterminés à la tenter.

"Les passeurs arrivent toujours de nuit"

"Quand j’ai appris pour tous ces gens noyés, j’ai pris mon sac et je suis allé à la gare", raconte l’un des migrants, Emmanuel, qui se confie dans le reportage du 20H de TF1 en tête d’article. "Puis je me suis arrêté un moment et j’ai réfléchi, j’ai changé d’avis : je suis resté car j’ai déjà fait des milliers de kilomètres pour arriver jusqu’ici. Et en Tunisie aussi, j’ai entendu plein de fois que des gens étaient morts dans la Méditerranée. Et ça ne m’a pas empêché de venir en Europe."

Comme lui, les migrants rencontrés sur place disent vouloir continuer à tenter leur chance. Beaucoup sont en contact avec des passeurs mais peu acceptent d’expliquer comment ils s’organisent. Sur le camp, seul un Soudanais de 22 ans a bien voulu décrire leurs méthodes. "Je ne sais pas où ils vivent ni d’où ils viennent, mais ils arrivent toujours de nuit et nous demandent si on veut aller en Angleterre et si on a de l’argent", détaille Moubarak-Abdallah. "Si oui, on peut partir avec eux, sinon ils nous disent qu’ils reviendront plus tard, mais bien sûr ils ne le font pas."

Des réseaux de passeurs aux techniques rodées

Le passage coûte entre 2000 et 5000 euros. Tant qu’il y a de la demande, il y a des passeurs, aux méthodes de plus en plus professionnelles. Ils recourent moins aux petits bateaux, mais plutôt à des embarcations plus longues, et ont aussi adapté leurs méthodes aux contrôles de police. Par l’envoi d’un bateau en direction des patrouilles en mer par exemple, ils détournent leur attention et en font partir d’autres depuis d'autres points sur la côte. 

Des filières mondiales sont même apparues. "On a démonté un réseau avec de faux taxis parisiens, qui organisaient des trajets en direction du littoral", relève Philippe Dupré, permanent syndical de l’unité SGP Police de Calais. "Il faut une bonne année au minimum quand on s’attaque à des réseaux internationaux."

Cette année, la police a empêché 300 départs. À l'issue de la réunion de Calais, Gérald Darmanin a rappelé que les autorités françaises avaient arrêté 1500 passeurs et sauvé 7800 migrants depuis le début de l'année, tandis que 1000 policiers et gendarmes sont déployés actuellement sur le littoral nord de la France. Avec l’hiver, les tentatives devraient diminuer, mais elles reprendront sûrement de plus belle au printemps, si d’ici là rien ne change. 


TF1 | Reportage M. GUIHEUX, V. PIERRON et E. FOURNY

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