Supprimer les aides municipales pour "les familles de délinquants", comme à Valence, est-ce efficace ?

POLÉMIQUE - Après des violences urbaines survenues dans un quartier sensible durant les vacances de la Toussaint, le maire de Valence (Drôme) a décidé de suspendre les aides municipales des "familles de délinquants". Une décision qui a provoqué la colère des riverains et de l'opposition.
Pendant les vacances de la Toussaint, dans un quartier sensible de Valence, dans la Drôme, des violences urbaines avaient éclaté dix soirs de suite, avec notamment des tirs de mortiers sur la police, les pompiers et des bus. Au total, une trentaine de jeunes ont été identifiés pour des actes de délinquance alors que sept personnes ont été interpellées après ces violences. Un mois et demi plus tard, la mairie veut sanctionner les familles de ces fauteurs de troubles en leur supprimant les aides sociales.
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Lundi soir, le maire LR de Valence, Nicolas Daragon a ainsi fait voter en conseil municipal la suppression de certaines aides de la mairie pour "les familles de délinquants". Avec cette mesure, la mairie espère mettre fin aux incivilités dans plusieurs quartiers sensibles où, régulièrement, les transports en commun sont pris pour cibles. "Concrètement, les enfants qui auront été condamnés, rappelés à l’ordre ou qui auront refusé les mesures éducatives que nous proposons, nous convoquerons les familles une dernière fois pour les mettre en demeure. Et si cela ne fonctionne pas, on suspendra les aides", explique-t-il à TF1.
Une décision incompréhensible pour les habitants du quartier qui a été le théâtre de ces violences urbaines. "Je pense que ce n’est peut-être pas une solution de supprimer les aides sociales", déclare une habitante alors qu’une autre estime que "cela peut mettre certaines familles dans la difficulté". Cette mesure est légale, le maire ayant le droit de suspendre ces aides financières facultatives, comme pour la cantine, le sport la culture ou encore le chèque énergie.
Une sanction démesurée pour l'opposition
Du côté de l’opposition, on dénonce une punition trop collective et démesurée. "Quand on regarde les textes de loi, on peut avoir un rappel à l’ordre pour avoir jeté une canette de soda ou un mégot par terre. Quand il y a vraiment des délits, cela relève du pénal et ce n’est pas de la responsabilité de la commune, mais de la police", dénonce le conseiller municipal (LFI) Jimmy Levacher. Cette mesure rappelle celle prise en 2018 à Rillieux-la-Pape, dans la métropole de Lyon, où trois familles ont vu leurs aides municipales suspendues pour un an.
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En 2005, le député-maire LR de Draveil (Essonne) Georges Tron avait également décidé de suspendre les aides municipales aux familles de jeunes auteurs de violences. Alors que le maire de Valence a déjà pris contact avec des parents pour les mettre en demeure, une soixantaine de familles avaient été expulsées de leurs logements sociaux à Valence les années précédentes, car l’un des membres avait été lié à des affaires de délinquance.
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