DÉBORDEMENTS - Ce week-end, la forte mobilisation contre la proposition de loi "Sécurité globale" et les violences policières a été émaillée de scènes de violence, cette fois contre les forces de l'ordre. Les images montrent que des dizaines de casseurs leur ont tendu un guet-apens.
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté partout en France samedi afin de contester la loi "sécurité globale", adoptée en première lecture à l'Assemblée mardi 24 novembre, et son fameux article 24 sur le droit de filmer les policiers en intervention. Les 133.000 manifestants comptabilisés par le ministère de l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs, ont également dénoncé les violences policières et le racisme.
Des violences dont les forces de l'ordre ont elles-mêmes fait l'objet à Paris, comme en attestent des vidéos amateurs. Un groupe de policiers a été pris pour cible place de la Bastille par des dizaines de casseurs lors de la fin de la mobilisation organisée dans la capitale. L'un des membres des forces de l'ordre a ainsi été roué de coups, dans le ventre et au visage, alors qu'il était couché au sol. Ses collègues ont réussi à le mettre à l'abri seulement une trentaine de secondes après l'assaut des hommes habillés de noir et cagoulés. Le policier s'en sort avec des dents cassées et de nombreuses contusions. Au total, une soixantaine de ses collègues ont également été blessés.
Deux types de casseurs
Les auteurs de ces violences appartiennent à deux groupes distincts. D'un côté, les membres de l'ultra-gauche, organisés et en marge de la manifestation, qui recouvrent de peinture les caméras de surveillance de la ville et attendent les forces de l'ordre à des endroits stratégiques. De l'autre, des petits délinquants venus détruire les vitrines des commerces, casser le mobilier urbain et brûler des voitures. À Rennes et à Bordeaux, les mêmes heurts en fin de défilé ont été observés.
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Des victimes parmi les civils ont également été recensées. Plusieurs manifestants, en effet, ont été blessés pendant une charge de la police. Parmi eux, un journaliste indépendant d'origine syrienne qui travaille pour Polka et l'Agence France Presse (AFP), grièvement touché au visage après avoir reçu "un coup de matraque", selon Reporters sans frontières.
Au total, ce sont au moins 46 personnes qui ont été interpellées à Paris samedi soir, et qui s'exposent à des sanctions sévères lorsqu'elles seront présentées à un juge ce lundi. En vertu de l'article 222-14-2, "le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou de dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende."