Paysages de verdure projetés au mur, odeur de synthèse et fontaine d'eau... Dans cet abattoir qui verra le jour en 2018, tout devrait être fait pour que les bovins et ovins soient dans des conditions "idéales" pour la mise à mort, raconte son fondateur, Guillaume Betton.
Lui qui se décrit comme un paysan est aujourd'hui président et PDG de la société Les viandes paysannes. "A titre personnel, je ne suis pas Vegan et je ne partage pas le discours de L214 , lâche Guillaume Betton. Mais, je veux leur dire merci. Merci de nous avoir montré ce qu'il se passait dans les abattoirs". Cette association qui lutte pour la fin de l'exploitation animale, s'est faite connaître en publiant des vidéos de mauvais traitements tournées dans les abattoirs. "Ils nous ont motivé pour plus de respect derrière les portes closes".
Depuis sa création en 2008, l'association a publié de nombreuses vidéos - filmées en caméras cachées parfois avec la complicité d'employés - dénonçant les atrocités commises dans certains abattoirs. Peu à peu, le bien-être animal a été remis sur le devant de la scène. A tel point qu'une commission d'enquête parlementaire a été diligentée l'an passé. Et une proposition de loi, portée par Olivier Falorni a ensuite été soumise à l'Assemblée nationale. "Nous, nous sommes des paysans, continue Guillaume Betton. On est attaché à nos animaux. On souhaite qu'ils soient bien traités, du début à la fin."
Tout est parti de la fermeture de plusieurs abattoirs dans la région du Limousin, raconte ce paysan. L'idée alors, avec les autres éleveurs, c'était de créer une structure pour mettre en place un circuit court entre l'élevage, l'abattage et la vente. A cette époque, ils se montent en association. Fort de leur succès, en 2014, Les viandes paysannes devient une entreprise et Guillaume Betton en devient le PDG.
Dans le prolongement de cette action, ils souhaitent désormais créer un abattoir où le bien-être animal sera davantage respecté. Dans les paysages verts du Limousin, c'est pour l'instant un chantier qui sort de terre. Mais avec un peu d'imagination, Guillaume Betton y voit déjà une bouverie circulaire (lieu d'attente des bêtes avant la mise à mort), dans laquelle une fontaine devrait être installée. Là entre les bêtes et l'eau, des vidéos de paysages seront projetées au mur, des odeurs de synthèse seront diffusées tout comme des sons ou des bruits rassurants. "L'idée c'est de tromper les animaux et de leur permettre d'entrer dans la tuerie sans être stressés."
En vidéo
Là, c'est un bras mécanique, actionné par un homme, qui mettra à mort l'animal. A aucun moment donc l'animal ne verra de présence humaine. En revanche, c'est bien l'homme qui gardera le contrôle total de la mise à mort, souligne Guillaume. "Nous avons ralenti nos cadences pour permettre une meilleure empathie de l'homme à la bête. Pour prendre le temps de bien traiter nos animaux même dans la mort".
Cet abattoir devrait voir le jour début 2018. Aucun abattage rituel n'y sera pratiqué. En attendant, les viandes paysannes ont lancé une cagnotte.
Elodie Hervé
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