Vie privée : au vu du tollé, une résidence universitaire abandonne un projet de "lits connectés"

Publié le 7 septembre 2017 à 20h50, mis à jour le 7 septembre 2017 à 21h08
Vie privée : au vu du tollé, une résidence universitaire abandonne un projet de "lits connectés"
Source : CAPTURE D’ÉCRAN\`GOOGLE MAPS

POLÉMIQUE - Une résidence universitaire de Rennes avait équipé certains lits de capteurs. Dans quel but ? Analyser l’usure des lits et planifier automatiquement les travaux, avait assuré le fabricant. Mais face aux craintes des étudiants, notamment pour leur vie privée, le Crous a préféré tout arrêter.

C’est une histoire à coucher dehors. Une étrange expérimentation était en cours dans une résidence universitaire, sur le campus de Villejean à Rennes (Ille-et-Vilaine), rapporte le quotidien Ouest-France. Depuis la rentrée, plusieurs étudiants de cet établissement ont été, sans le savoir, les cobayes d’un concept d'un nouveau genre : une dizaine de lits escamotables, parmi les 150 que comptent cette résidence étudiante dernier cri, avaient été équipés de capteurs électroniques dans le but d’analyser l’usure des sommiers et de planifier les travaux pour les rafistoler si besoin. 

Ces lits "connectés" par Wi-Fi, élaborés par la startup Artisans IoT, spécialiste de l'internet des objets et de l'intelligence embarquée dans le mobilier, filiale de l’entreprise vendéenne Espace Loggia, collectent en temps réel des données. Or, comme le souligne le quotidien régional Ouest-France, la présence de capteurs pose la question du respect de la vie privée des étudiants concernés. D’autant plus que, selon  Paul Malignac, le patron de l’entreprise, les capteurs seraient capables de déterminer qu’un grand nombre de personnes est assis sur le lit, ou encore d’envoyer "en cas d’urgence" un SMS à un agent technique.

"L’objectif, c’est de faire de la maintenance à long terme de lits escamotables ; nous ne sommes pas Google, nous ne cherchons pas à savoir ce que font les étudiants"
Paul Malignac, le directeur général d’Espace Loggia

Des propos démentis dès le lendemain par le directeur général d'Espace Loggia, qui assure au quotidien Le Monde que ses capteurs ne constituent en aucun cas un outil de surveillance. "L’objectif, c’est de faire de la maintenance à long terme de lits escamotables ; nous ne sommes pas Google, nous ne cherchons pas à savoir ce que font les étudiants", assure l’entreprise, qui ajoute, en outre, que le programme de collecte des données n’a pas encore débuté, et que ces dernières seraient "anonymisées".

Au vu du tollé suscité par cette affaire, le Crous de Rennes, en charge de la gestion de l’établissement, a décidé finalement de mettre un terme au dispositif : "L’expérimentation portant sur dix lits connectés auprès de la résidence universitaire Maine n’était pas encore en service, écrit-il dans un communiqué. Cette solution nouvelle proposée par l’installateur des mobiliers, si elle avait été mise en place, aurait été présentée aux étudiants et n’aurait concerné que des volontaires. Elle est à ce jour annulée. Les équipements seront retirés dans les prochains jours."


Matthieu DELACHARLERY

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