Interpellation de Théo : retour sur l'affaire en quatre actes

par Youen TANGUY
Publié le 6 février 2017 à 19h19, mis à jour le 6 février 2017 à 23h01
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Source : Sujet JT LCI

ENQUÊTE - Quatre policiers ont été mis en examen pour violences volontaires en réunion, dont un pour viol, après une interpellation musclée à Aulnay-sous-Bois durant laquelle Théo, un jeune homme de 22 ans, a été gravement blessé. Retour sur l'affaire en quatre actes.

Un policier a été mis en examen pour viol et ses trois collègues pour violences volontaires en réunion ce jeudi après une interpellation à Aulnay-sous-Bois pendant laquelle un jeune homme de 22 ans a été gravement blessé à coups de matraque. Depuis, la "cité des 3000", où se sont déroulés les faits, est sous le choc. Récit de cette affaire en quatre actes.

Que s'est-il passé ?

Tout a commencé jeudi dernier, aux alentours de 17h. Quatre fonctionnaires procèdent à un contrôle dans la "cité des 3000" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) après avoir entendu "les cris caractéristiques des guetteurs de points de vente de stupéfiants", selon le parquet. C'est alors qu'un jeune homme d'une vingtaine d'années "s'interpose violemment", indique une source policière. S'ensuit une "bagarre", filmée par les caméras de la police municipale, avant que le jeune homme, maîtrisé à l'aide de matraques, ne soit menotté puis emmené au commissariat de la ville.

Les images de l'interpellation montrent notamment un policier "porter un coup de matraque horizontal au niveau des fesses" du jeune homme, après que son "pantalon a glissé tout seul", selon cette source. Gravement blessé au niveau de la zone rectale, le jeune homme était toujours hospitalisé lundi, après avoir été opéré. Quelques heures après les faits, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour viol en réunion et les quatres hommes ont été placés en garde à vue.

Une cité en colère

Les conditions d'interpellation de Théo ont choqué les habitants de la commune d'Aulnay-sous-Bois. En signe de protestation, des incidents ont éclaté dans la"cité des 3000" samedi soir, où une voiture a été brûlée et une tentative d'incendie constatée sur un bus. Des abribus ont également été cassés, et le quartier plongé dans l'obscurité après le sabotage de l'éclairage public. 

Dès le lendemain, un important dispositif policier était déployé, comprenant une compagnie de CRS appelée en renfort, selon une source policière. "C'est un vrai choc, comme on n'en a jamais connu à Aulnay. Théo (le jeune homme blessé) est un citoyen français engagé dans la vie de son quartier, c'est une famille exemplaire", a dit à l'AFP Hadama Traoré, qui a grandi aux "3000" et vient de fonder un mouvement citoyen, "La révolution est en marche". 

Viol ou violences ?

Le volet judiciaire de l'affaire s'est accéléré dimanche matin lorsque le parquet de Bobigny annonce avoir ouvert une information judiciaire pour "violences", bien que les quatre suspects étaient initialement soupconnés de "viol en réunion". Mais quelques heures plus tard, nouveau rebondissement : le juge d'instruction chargé de l'enquête décide finalement de poursuivre l'auteur présumé des coups de matraque télescopique pour "viol".

Les quatre hommes ont par ailleurs été placés sous contrôle judiciaire et trois d'entre eux se sont vus interdire par le juge d'exercer l'activité de fonctionnaire de police. 

La victime témoigne

Dans une interview accordée à BFMTV ce lundi, la victime, Théo, a raconté son calvaire. "Ils sont trois à me saisir, je leur demande, pourquoi vous faites ça, ils ne me répondent pas, ils me disent que des injures" raconte-t-il, avant de confier ce que lui a fait le policier accusé de viol : "Il me regarde, j’étais de dos, mais j’étais en trois quart, donc je voyais ce qu’il faisait derrière moi. Il prend sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement."

Son calvaire est loin d'être terminé, et il explique en détail les actes qui ont suivi : "Dès qu’il m’a fait ça, je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force. (...) Je leur ai dit 'J’arrive pas à m’asseoir, je sens plus mes fesses', et ils m’ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête (...)". Et de poursuivre : "C’est une chose que je ne souhaite à personne, physiquement je suis très diminué, j’arrive pas à bouger, là comme vous me voyez ça fait trois heures que je suis comme ça. (…) Je dors pas la nuit" finit-il par dire.

Ce lundi, le Défenseur des droits a annoncé son intention de lancer une enquête pour faire la lumière sur cette affaire, quelques heures seulement après la tenue d'une marche blanche en soutien à Théo.

Aulnay-sous-Bois : "Ce qui est contesté, c'est le caractère illégitime de ces violences"Source : Sujet JT LCI
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