Violences : 4 femmes sur 10 dans l’incapacité de trouver un hébergement d’urgence ?

Publié le 19 novembre 2021 à 12h50, mis à jour le 19 novembre 2021 à 14h11
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Image d'illustration - Source : JACQUES DEMARTHON / AFP

PROTECTION - Yannick Jadot, le candidat écologiste, a affirmé jeudi sur France 2 que 40% des femmes victimes de violences ne trouvaient pas de place dans un hébergement de secours. Il s’appuie en réalité sur un rapport publié le jour même par la Fondation des Femmes.

"4 femmes sur 10 victimes de violences n’arrivent pas à trouver un hébergement de secours", a indiqué Yannick Jadot jeudi soir sur le plateau de France 2, avant de dérouler ses propositions sur le sujet : "On veut une justice, une police spécialisée. On veut un milliard pour traiter des violences conjugales". D’où vient cette statistique évoquée par le candidat à la présidentielle ? Explications. 

En réalité, le candidat s’appuie sur des chiffres très récents puisqu’il cite ici le rapport publié le jour même par la Fondation des Femmes, en collaboration avec la Fédération Nationale Solidarité Femmes, en charge de la ligne 3919. Intitulé "Où est l’argent ?", ce document d’une cinquantaine de pages fait le point comme chaque année sur le financement de la lutte contre les violences faites aux femmes dans la sphère privée. Cette année, il se concentre sur le dispositif d’hébergement, prévu pour les victimes cherchant à quitter leur domicile pour échapper à un conjoint ou un ex-conjoint violent. 

12% des demandes n'ont pas de solution adaptée

Avant de chiffrer le besoin de places supplémentaires d’hébergement, la Fondation des Femmes précise en préambule qu’"estimer la part des demandes pourvues reste aujourd’hui un exercice délicat, faute de données exhaustives et fiables". Néanmoins, à partir des données recensées par les Services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) sur une journée type (celle du 28 juin dernier), la Fondation constate que près de 70% des demandes d’hébergements de femmes victimes avec un enfant et 50% des demandes de celles sans enfants ont été pourvues. 

En d’autres termes, "un tiers des femmes avec enfant et la moitié des femmes sans enfants n’ont pas accès à une solution d’hébergement", résume le rapport. Ensuite, "environ 12% des demandes effectuées par des femmes victimes de violences aboutissent à une orientation sur une place adaptée à leur parcours spécifique".

Depuis 2017, le nombre de places d’hébergement a progressé de 60 %, selon le gouvernement
Depuis 2017, le nombre de places d’hébergement a progressé de 60 %, selon le gouvernement - Gouvernement

Outre le manque de structures adaptées - beaucoup de centres sont encore mixtes par exemple - comment l'expliquer ? Dans le détail, 38% des alertes ou saisines de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) par les SIAO n’avaient pas donné lieu, entre juillet 2014 et mars 2015, à un déblocage de crédits pour un hébergement en hôtel, d’après une enquête de la Fédération des Acteurs de la Solidarité. "Parmi les autres raisons avancées par les SIAO pour expliquer le fait que l’immédiateté de l’accueil ne soit pas assurée, certains mentionnent les entretiens préalables à l’admission des personnes par les travailleurs sociaux ou encore la sollicitation d’autres dispositifs", mentionne encore ce rapport.

Passé ce constat, qui ne va pas dans le sens des efforts communiqués par le gouvernement, la Fondation des Femmes estime qu’il manque à ce jour en France "entre 15.640 et 31.280 places" dans des centres d’hébergement d’urgence pour répondre à chaque situation. Pour rappel, 7820 places seront disponibles sur tout le territoire au 31 décembre 2021, conformément aux mesures prises par le Grenelle des violences conjugales

Si l’exécutif se targue d’avoir augmenté depuis 2017 le nombre de places ouvertes aux femmes dans le besoin de 60%, cela n’est pas suffisant pour les associations. En 2019, 125.840 femmes étaient victimes de violences conjugales, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, une estimation loin des 5700 places disponibles cette année-là.

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Caroline QUEVRAIN

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