"Mon intimité va se transformer en hall de gare" : un livre sur la grossesse fait polémique

Anaïs Condomines
Publié le 1 août 2017 à 15h00, mis à jour le 1 août 2017 à 15h44
"Mon intimité va se transformer en hall de gare" : un livre sur la grossesse fait polémique
Source : Capture d'écran Twitter

ACCOUCHEMENT - Le débat actuel autour des violences obstétricales jette une nouvelle lumière sur un livre consacré à la grossesse, initialement publié en 2009. Selon la blogueuse féministe Marie-Hélène Lahaye, il contribue à "normaliser des situations inacceptables".

"Mon intimité va se transformer en hall de gare. Vrai/faux ?" Voilà la question par laquelle le livre "La grossesse des paresseuses" de Anna Deville, initialement paru en 2009 aux éditions Marabout, revient dans l'actualité au beau milieu d'un vif débat sur les violences obstétricales. L'extrait en question, relayé ce mardi sur les réseaux sociaux par Marie-Hélène Lahaye, auteure du blog "Marie accouche-là", n'a pas manqué de faire réagir.

Voici ce qu'on peut notamment lire sur la photographie partagée sur Twitter : "Mon intimité va se transformer en hall de gare. Vrai/faux ? Vrai. Effectivement, pendant le travail, la sage-femme va souvent passer pour mesurer le dilatation de votre col, par un toucher vaginal. Il se peut que d'autres personnes, que vous n'avez jamais vues dans votre vie, passent par là et hop ! vous tâtent elles aussi (si vous restez longtemps, plusieurs équipes vont se succéder et vous aurez ainsi la chance de vous laisser tripoter par une demi-douzaine de personnes). Disons qu'il suffit de penser à autre chose, et que ce n'est pas le moment de faire sa chochotte. De toute façon, vous aurez tellement envie que cela finisse que vous seriez prête à montrer vos fesses par la fenêtre si cela pouvait accélerer le mouvement."

"Pas le moment de faire sa chochotte"

Un extrait qu'il est possible de retrouver également en ligne via Google books qui permet d'acheter la version numérique de l'ouvrage :

Capture La grossesse des paresseuses

Le nombre de touchers vaginaux doit être limité au strict minimum"
OMS, 1997

Contactée par LCI, Marie-Hélène Lahaye nous explique être tombée sur cet extrait parmi les publications de ses amis sur Facebook. Elle estime qu'il illustre "un vrai souci de l'information faite aux femmes enceintes" : "Dans ce livre, on prépare la femme à accepter l'inacceptable, le tout sur le ton de l'humour. On lui dit que c'est normal qu'elle soit dans une dépossession totale : que le corps de la femme qui accouche est une chose publique." Elle poursuit : "Après ce genre de lectures, qu'on conseille aux femmes, elles acceptent toutes ces situations qui sont normalisées, alors même que le toucher vaginal est une pratique parfois contestée."

Dans un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) datant de 1997, un collège d'experts précise en effet que "le nombre de touchers vaginaux" - cet examen qui permet de vérifier l'ouverture du col - "doit être limité au strict minimum" et qu'une pratique effectuée par un étudiant "n'est possible qu'avec le consentement de la femme. Une femme ne devrait en aucun cas être obligée de se soumettre à des touchers vaginaux répétés ou fréquents effectués par plusieurs personnels soignants et étudiants" ajoute-t-on. 

Capture d'écran rapport OMS

Le sujet, du reste, est en ce moment très sensible. En demandant au Haut Conseil à l'Egalité un rapport sur les violences obstétricales, la secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa s'est attirée les foudres des médecins obstétriciens et des gynécologues, qui estiment leur "profession maltraitée" par ces soupçons de maltraitances.

Contactée, la maison d'édition Marabout, qui a publié le livre "La grossesse des paresseuses", ne nous a pas encore mis en contact avec l'auteure. Toutefois, on nous informe que l'ouvrage "n'est plus commercialisé depuis plusieurs années". 


Anaïs Condomines

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