Voile intégral : sur le terrain, la loi est difficile à appliquer

par Maud VALLEREAU
Publié le 1 juillet 2014 à 9h23

LOI - La Cour européenne des droits de l'Homme, saisie par une jeune femme voilée qui conteste la loi de 2010, doit se prononcer mardi sur l'interdiction en France des tenues destinées à dissimuler le visage dans l'espace public. Une question aussi délicate que l'application de la loi sur le terrain.

"Nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage". Depuis la loi du 11 octobre 2010, le port du voile intégral, du niqab ou de la burqa est interdit dans les lieux publics, sous peine d'une amende de 150 euros pouvant être assortie d'un stage de citoyenneté. Sur le terrain, sa mise en application s'avère plus complexe. "Quand une patrouille tombe sur une personne dont le voile masque entièrement son visage, nous lui rappelons qu'elle est en infraction. Mais la priorité des policiers n'est pas de contrôler ou de verbaliser ces personnes", explique Christophe Crépin, du syndicat Unsa-Police.

"Difficilement applicable"

Depuis l'entrée en vigueur de la loi, 594 femmes entièrement voilées auraient été contrôlées, selon l'observatoire de la laïcité. La majorité a été verbalisée. "La plupart des contrôles se déroule sereinement. Mais cette loi est difficilement applicable en l'état puisque si la personne refuse jusqu'au bout de se soumettre au contrôle, il faut la conduire devant l'officier de police judiciaire (…) Et il y a malheureusement des personnes qui cherchent à instrumentaliser les contrôles", assure Christophe Crépin.

Certains cas très médiatisés ont marqué les esprits. Le 19 juillet 2013 notamment, le contrôle d'identité de Cassandra, une jeune femme portant le voile intégral à Trappes (Yvelines), débouche sur plusieurs nuits de violences urbaines. "Cette loi n'a fait que mettre le feu aux poudres à une situation déjà difficile dans certains quartiers", estime un policier qui souhaite garder l'anonymat. "D'autant plus que parfois, nous contrôlons plusieurs fois les mêmes femmes sans le savoir", poursuit un autre. Les deux officiers assurent qu'ils "ont levé le pied en matière d'application stricte de la loi". Les associations musulmanes, elles, ne souhaitent plus commenter le sujet. Celles contactées par metronews ont décliné nos demandes d'interviews. Mais toutes insistent sur le fait que la loi ne représente en rien "la réalité de la communauté musulmane". On estime en France que 2.000 musulmanes portent le voile intégral.


Maud VALLEREAU

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