AUDIT - Un comité d'experts, mandaté par la SNCF, s'est penché sur les retards des trains, et a rendu un rapport qui souligne des "dysfonctionnements" dans l'organisation, mais pas de "situation de crise", et émet plusieurs recommandations pour y remédier d'ici à 2022.
Processus industriels pas assez rigoureux, formation insuffisante, nombre de trains annoncés supérieur à ce que le réseau peut supporter, organisation trop cloisonnée : pour ces experts internationaux - certains issus de la SNCF, d'autres indépendants - des "dysfonctionnements" existent sur le réseau ferroviaire français. Une conclusion qui ne surprendra pas les habitués de la compagnie de train, mais que cet audit détaille. Voire minimise, malgré le mécontentement grandissant des clients.
"Nous ne sommes pas en présence d'une situation de crise qui nécessiterait de tout remettre en question, ni face au besoin de repartir d'une feuille blanche", nuancent-ils dans leur rapport, remis début juillet à la direction de la SNCF et publié jeudi. Ils estiment ainsi que l'organisation du groupe est trop cloisonnée. Sur la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse par exemple, l'exploitation est pilotée par différentes régions au sein de la SNCF, chacune veillant au respect des horaires sur son tronçon, mais par sur l'ensemble du trajet du train, ce qui aboutit à des retards cumulés.
Parfois trop de trains par rapport à ce que le réseau peut supporter...
"Il faut regarder la performance du réseau selon les flux de trafics. Se demander ce que ça donne pour le client final", a dit Isabelle Delobelle, rapporteure générale de la mission et directrice de plusieurs lignes SNCF Transilien. Les experts ont également relevé que, sur certaines lignes, le nombre de trains prévus est trop élevé par rapport à ce que le réseau peut supporter. Le gestionnaire d'infrastructures SNCF Réseau vend à SNCF Mobilités, qui fait circuler les trains, des "sillons", ou créneaux de passage des trains. Pour Yves Ramette, ancien responsable de la SNCF en Ile-de-France, SNCF Réseau "doit se mettre en situation de réaliser les sillons qu'il a vendus".
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Le comité a ainsi noté la "situation difficile" dans laquelle se trouve le réseau ferroviaire français du fait de l'"accroissement de la demande", selon l'expert indépendant Alain Thauvette. Les premières recommandations pourraient être mises en œuvre au premier semestre 2018, et s'étaler jusqu'en 2022. Le comité composé d'experts avait été mandaté en février par les présidents de la SNCF Guillaume Pepy, et de SNCF Réseau, Patrick Jeantet. Il sera présenté d'ici la fin du mois aux deux conseils d'administration et au conseil de surveillance de la SNCF.