Zones fumeurs dans les lycées : "Il y a d'autres solutions"

Publié le 13 avril 2016 à 7h00
Zones fumeurs dans les lycées : "Il y a d'autres solutions"

INTERVIEW - Face à l'état d'urgence et aux menaces terroristes, des proviseurs laissent leurs élèves fumer dans l'enceinte de leur lycée. Une entorse à la loi Evin qui a fait l'objet de plusieurs plaintes, et qui se retrouve pour la première fois devant la justice ce mercredi, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise devant se pencher en référé sur le cas du lycée Paul-Lapie de Courbevoie (Hauts-de-Seine). Les explications de Gérard Audureau, président de Droit des non-fumeurs, l'une des deux associations anti-tabac à l'origine de ce recours.

Qu'attendez-vous du tribunal administratif de Cergy-Pontoise mercredi ?
J'attends qu'il dise la loi et affirme que l'institution de ces zones fumeurs est illégale, ce qui pousserait les autres établissements qui les ont mises en place, en s'appuyant sur une circulaire interprétable du ministère de l'Education , à se mettre eux aussi en conformité. Mais ce ne sera pas forcément le cas mercredi car ce tribunal d'urgence peut aussi estimer qu'il ne peut pas se prononcer dans l'immédiat et renvoyer l'affaire à plusieurs semaines ou mois pour le faire sur le fond. Ce serait très dommageable, car il faut une décision rapide : les élèves sont en train de reprendre l'habitude de fumer à l'intérieur des lycées et il sera très difficile de la leur faire passer quand l'état d'urgence prendra fin.

Vous estimez qu'un établissement sur deux a instauré de telles zones fumeurs en France. Pourquoi avez-vous précisément ciblé ce lycée de Courbevoie, ainsi que deux autres à Paris, dans vos recours en justice ?
Tout simplement parce que ces trois établissements ont répondu par écrit aux injonctions que nous leur avions faites, ce qui est un moyen de prouver qu'il y a eu organisation volontaire d'espaces fumeurs en leur sein. Nous avons établi "à la louche" le chiffre de un sur deux, au vu des nombreux témoignages que nous avons reçus. Mais il n'y a pas eu de recensement officiel et beaucoup d'établissements ont installé ces zones fumeurs de manière informelle.

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Que répondez-vous aux proviseurs qui en appellent au "bon sens" face aux menaces d'attentats et soulignent que rétablir temporairement les zones fumeurs est un "moindre mal" pour éviter les attroupements devant leur établissement ?
Dire que pour éviter les attroupements à l'extérieur des établissements, il faut nécessairement installer des espaces fumeurs à l'intérieur, c'est faux. Il y a deux autres solutions possibles. La première, c'est de ne pas laisser sortir les élèves, sans pour autant les autoriser à fumer. Les infirmières et les médecins scolaires peuvent alors parfaitement les accompagner et par exemple leur donner des patchs pour qu'ils puissent se passer de fumer. La deuxième, c'est d'imiter ce qu'a fait devant ses écoles le maire de Solesmes , dans le Nord : créer autour de l'entrée des établissements un espace d'un rayon de 20 ou 30 mètres, dans lequel il est interdit de fumer, moyennant quoi les gens sont éparpillés et il n'y a plus d'attroupement.


La rédaction de TF1info

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