"365 DNI" : pourquoi le succès du film érotique de Netflix est problématique

COUP DE GUEULE - Deuxième contenu le plus visionné cette semaine sur la plateforme de streaming, cet ersatz de "50 Nuances de Grey" venu tout droit de Pologne met en scène la romance forcée entre un mafieux en carton italien et la jeune femme qu'il a kidnappée. Une catastrophe cinématographique et sociétale, qui fait l'apologie du viol pendant près de deux heures.
Le succès est international. Venu de Pologne - où il a réalisé le meilleur démarrage de l'année juste avant que les cinémas ne ferment leurs portes à cause du coronavirus-, "365 DNI" s'est offert une deuxième vie grâce à Netflix, puisqu'il figure dans le top 10 des contenus les plus visionnés dans bon nombre de pays. En France, il occupe même la deuxième place cette semaine.
Adapté du best-seller du même nom inédit dans l'Hexagone et écrit par Blanka Lipinska , ce film érotique est... mauvais. Très, très mauvais. Le jeu d’acteurs est à la hauteur du scénario, soit inexistant. Les dialogues sont absurdes et le récit incohérent. On commence sans trop savoir où on met les pieds, avec un début aux allures de film de gangster, qui vire rapidement en porno soft raté.
Mais plus que mauvais, ce film est surtout dangereux. Marketé comme le "50 Nuances de Grey" polonais, "365 DNI" passe totalement sous silence une notion que son modèle américain n'avait pas oubliée malgré ses défauts. Le consentement, absent dès le synopsis qu'on peut lire sur Netflix : "Une femme de caractère dont le couple bat de l’aile tombe entre les mains d’un chef mafieux dominateur qui la séquestre et lui laisse un an pour tomber amoureuse de lui". L'histoire de Laura la Polonaise et Massimo l'Italien débute donc sur un kidnapping pour se finir (attention spoiler) sur une demande en mariage. Une romantisation du syndrome de Stockholm doublée d'un portrait adouci des relations toxiques.
Une scène de viol après 12 minutes de film
Rien n'est à sauver chez le héros masculin qui personnifie une culture du viol portée aux nues pendant près de deux heures. "Je ne ferai rien sans ta permission", martèle-t-il à sa victime, tout en lui touchant brusquement... le sein droit. Idem quand une heure plus tard, il glisse sa main dans le pantalon de la jeune femme qu'il vient d'attacher au fauteuil d'un avion pour ne pas qu'elle s'échappe. Une agression qui en suit une première. Douze minutes à peine après le début du film, le spectateur assiste impuissant à une fellation forcée sur une hôtesse de l'air qui finit en larmes. Mais le sourire au coin des lèvres, comme si l'attaque qu'elle venait de vivre lui avait au final plu. On n'oubliera pas non plus la tentative de viol en discothèque par un autre homme décidément lui aussi bien éduqué, sous prétexte que Laura porte une robe courte et danse autour d'une barre de pole dance.
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On le répète, rien ne va dans ce film. Et pourtant, nombreux sont les tweets de spectatrices qui saluent le film et écrivent vouloir être elles aussi les prisonnières de Massimo, qu'elles trouvent "beau comme un dieu". Mais des voix s'élèvent aussi contre la mise en avant par Netflix d'une telle apologie du viol. Contacté par LCI à ce sujet, la plateforme n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
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