"Capharnaüm" : pourquoi le petit héros syrien de Nadine Labaki va vous briser le cœur

ON ADORE - Dans "Capharnaüm", un tout jeune réfugié syrien demande à la justice libanaise de condamner ses parents pour l’avoir mis au monde. Un drame poignant et ultra-réaliste mis en scène par l’actrice et réalisatrice Nadine Labaki. LCI l’a rencontrée.
25 ans après Jane Campion avec "La leçon de Piano", toutes les planètes étaient alignées pour qu’une deuxième femme remporte la récompense suprême du Festival de Cannes. Et puis non. Au déchirant "Capharnaüm" de Nadine Labaki, le jury présidé par Cate Blanchett a finalement préféré le pudique "Une affaire de famille", du Japonais Kore-eda. La cinéaste libanaise est tout de même repartie avec le prix du jury. Et la promesse d’une belle carrière internationale, le film ayant depuis été désigné par son pays pour le représenter aux Oscars.
Si vous avez manqué le début, "Capharnaüm" est le troisième film long-métrage de l’actrice et réalisatrice depuis la révélation "Caramel", en 2007. Elle raconte ici l’histoire de Zain, un enfant des rues de Beyrouth qui a décidé de faire un procès à ses parents. Leur crime à ses yeux ? L’avoir mis au monde. On a vu des films plus parfaits dans leur exécution cette année à Cannes. Aucun n’embrasse à tel point le chaos du monde actuel pour faire œuvre de fiction.
"J’ai vécu les quatre dernières années de ma vie dans les tribunaux d’enfants, et même dans les tribunaux tout court pour comprendre les failles du système", nous racontait Nadine Labaki en mai dernier. "J’ai aussi passé beaucoup de temps dans les régions défavorisées du pays et j’ai parlé à beaucoup d’enfants. La question que je leur posais tout le temps c’est : ‘est-ce que tu es content d’être né ?’ Et dans 99% des cas la réponse était non’ ".
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Tourné caméra à l’épaule, entre souks et taudis, "Capharnaüm" avance en équilibre sur un fil ténu entre documentaire et mélo. Certaines séquences sont un brin répétitives – et dire que la première version faisait 11 heures ! Mais c’est peu de chose devant la violence insondable qu’il renvoie à la figure du spectateur, collé aux basques du personnage principal.
Quelque part entre un Gavroche du Moyen Orient et une version moderne du Kid de Chaplin, le petit Zain Al Rafea est un phare d’humanité qui se dresse au milieu d’un océan d’injustice. "Zain est un réfugié syrien, il a vécu dans conditions pires que celles que vous voyez dans le film", explique Nadine Labaki. "Le seul "avantage", c’est qu’il a des parents aimants, malgré la situation difficile dans laquelle ils sont. Ils lui ont appris la sagesse."
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"Il est temps de prendre ses responsabilités" : le vibrant plaidoyer de Nadine Labaki pour l'accueil des migrants
De nombreux spectateurs seront sans doute étonnés par la violence du langage du jeune garçon. Pour Nadine Labaki, elle est le produit de celle qu’il reçoit, jour après jour, à cause de son statut de réfugié. "Moi, l’adulte, j’avais parfois envie de me boucher les oreilles", avoue la cinéaste. "Mais Zain est un enfant qui n’a jamais été à l’école. Il faut comprendre qu’il a été complètement exclu du système."
>> "Capharnaüm", de Nadine Labaki. Zain Alrafeea, Nadine Labaki, Yordanos Shifera. En salles ce mercredi.
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