CLAP DE FIN - Le 73e Festival de Cannes aurait dû ouvrir ses portes ce mardi. Annulée en raison de la pandémie de coronavirus, cette édition s’annonçait aussi alléchante que la précédente, marquée par le sacre de "Parasite".
Ce mardi aux alentours de 19 heures, toute la Croisette aurait dû se préparer à la première montée des marches de Cannes 2020. La pandémie de coronavirus en a décidé autrement. Ce matin, en lieu et place de l’affiche de la manifestation, le Palais des Festivals s’est paré d’une affiche remerciant les personnels soignants pour leur dévouement, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Le Festival de Cannes annulé ? Avant la crise sanitaire que nous traversons, il faut remonter à septembre 1939 lorsque la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. Plus tard, en mai 1968, la 21e édition sera écourtée suite aux manifestations étudiantes qui secouent le pays. Depuis, le rendez-vous avait résisté à tout.
Pendant de longues semaines, les organisateurs de la première manifestation cinématographique mondiale ont entretenu un vrai-faux suspense sur la tenue de la 73e édition. Le 19 mars, ils annonçaient envisager un report début juillet. Une hypothèse qui s’est écroulée le 13 avril à l’annonce par Emmanuel Macron de l’interdiction des festivals jusqu’à la mi-août.
Spike Lee président en 2021 ?
Mais à quoi aurait pu ressembler cette édition 2020 ? Dans un entretien accordé au magazine professionnel américain Screen, le délégué général Thierry Frémaux a levé le voile sur une poignée de films qui auraient dû être présentés durant la quinzaine. Parmi eux, "The French Dispatch" de l’Américain Wes Anderson, tourné en France avec un casting de luxe qui aurait fait forte impression sur les marches : Bill Murray, Tilda Swinton, Timothée Chalamet, mais aussi les Français Léa Seydoux, Guillaume Galienne et Denis Menochet. Sa sortie française est désormais programmée au 14 octobre prochain.
Le patron de la sélection évoque également "Three Stories" de l’Italien Nanni Moretti et "Soul", le nouveau Pixar, et révèle que Spike Lee, le président du jury, devait présenter "Da 5 Bloods", une production Netflix qui aurait marqué le retour de la plateforme américaine sur la Croisette après une brouille retentissante de deux ans.
Deux ans après "BlackkKlansman", Grand Prix du jury à Cannes, le metteur en scène new-yorkais raconte l’histoire de quatre vétérans afro-américains qui retournent au Vietnam sur la piste d’un hypothétique trésor. Outre Chadwick Boseman et Delroy Lindo, les frenchies Jean Reno et Mélanie Laurent figurent au générique. "Da 5 Bloods" sortira en ligne en juin prochain. Si son emploi du temps le permet, Spike Lee aurait déjà promis de présider Cannes 2021.
Quid des autres films qui devaient être présentés cette année ? Dans la sélection qui devait être dévoilée le 14 avril dernier aurait sans doute figuré "Benedetta" Paul Verhoeven. Dans cette adaptation du livre de Judith C. Brown, Virigine Efira incarne une bonne sœur dont l’homosexualité fit scandale dans l’Italie du XVIIe siècle. Le film aurait déjà candidat à l’édition 2020 mais les soucis de santé du cinéaste néerlandais en avait retardé le montage
Ce lundi, son producteur, le Français Saïd Ben Saïd, a annoncé sa décision de sortir le film en mai 2021… en vue d’une sélection à Cannes ? D’autres, en revanche, ne devraient pas patienter jusque-là. Parmi les longs-métrages qui étaient dans les starting blocks, d’après nos informations, figurent "Annette" de Leos Carax avec Adam Driver, Marion Cotillard et les débuts d'actrice de la chanteuse Angèle, "Par un demi-clair matin" de Bruno Dumont avec Léa Seydoux et Blanche Gardin ou encore "Memoria" du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul avec Tilda Swinton. Mais aussi les nouveaux films de Sofia Coppola, Maïwenn, Quentin Dupieux ou encore Laurent Cantet.
Une sélection de films soutenus par le Festival
Certains pourraient se rabattre sur d’autres manifestations à la rentrée comme la Mostra de Venise dont les organisateurs ont confirmé la tenue du 2 au 12 septembre, ou le Festival de Toronto, quelques jours plus tard. Reste que l’impact d’une sélection à Cannes n’est pas anodin pour de nombreux films d’auteur qui ne disposent pas du même plan marketing que les blockbusters hollywoodiens. On se rappelle que, l’an dernier, c’est sur la Croisette que s'est lancée la carrière du film sud-coréen "Parasite", une Palme d’or couronnée quelques mois plus tard aux Oscars.
Ce qui explique pourquoi Thierry Frémaux a annoncé la création d’un "label" qui devrait être décerné à une sélection de long-métrages que ses équipes souhaitent soutenir à travers une série d’événements dont les contours restent à dessiner. Elle sera annoncée courant juin, en parallèle d’une édition en ligne du Marché du film qui se tient chaque année en parallèle des avant-premières de prestige.