ON AIME - La star de "Bridget Jones" brille dans le récit de cinq semaines méconnues dans la vie de la légendaire Judy Garland, rongée par ses démons mais animée par son amour de la musique. Une prestation en or qui ne pouvait que lui valoir l'Oscar de la meilleure actrice.
Son dos est voûté. Sa démarche mal assurée. Sa voix chevrotante. Renée Zellweger disparaît sous la silhouette filiforme de Judy Garland dans "Judy", film qui s'attarde sur un court instant du parcours aussi passionnant que tumultueux de l'icône hollywoodienne. Cinq semaines qui auraient dû signer l'énième renaissance de la star mais qui se sont avérées être son chant du cygne.
À l'hiver 1968, la chanteuse popularisée par "Le Magicien d'Oz" est contrainte de s'envoler pour Londres pour renflouer ses comptes et ainsi subvenir aux besoins de ses enfants. Elle pose ses valises au Talk of the Town, la salle de spectacle du moment, pour une série de concerts à guichets fermés. Sauf que la quadragénaire n'est plus que l'ombre d'elle-même, abîmée par les excès de drogue, d'alcool et une jeunesse ultra encadrée par les patrons des grands studios de cinéma.
Un portrait intime de l'artiste qui en dévoile les failles et les doutes
Le biopic joue sur les flashbacks pour mettre en évidence cette dictature de la MGM qui lui disait quoi manger (et surtout ne pas manger) et avec qui s'afficher devant les caméras. Portrait intime de l'artiste, "Judy" en dévoile les failles et les doutes. Ceux d'une performeuse qui ne possède plus toutes ses capacités et ceux d'une mère hagarde qui ne sait plus trop ce qu'elle fait. Si Renée Zellweger joue avec son corps, c'est avant tout avec son regard qu'elle capte notre attention. Triste et mélancolique, à l'image d'un récit classique qui s'illumine chaque fois que l'interprète de "Bridget Jones" monte sur scène. L'actrice, qui avait déjà donné de la voix dans "Chicago", reprend avec justesse et émotion les plus grands titres de Judy Garland avec, en conclusion, un troublant "Over The Rainbow" - qu'on attend tout le long du film.
Le lien de Judy Garland avec ses fans est mis au jour dans ce qui restera sans doute la scène la plus émouvante du long-métrage. Un moment suspendu lors duquel elle s'invite chez un couple gay pour leur rappeler qu'ils sont aussi libres de vivre leur amour comme ils l'entendent. "La combinaison de qualités qu’elle a reçue est unique. Et la manière dont elle utilisait son don pour inspirer, faire preuve d’empathie, offrir à ceux qui se sentaient différents et ostracisés un sentiment d’appartenance, leur montrer qu’on les voyait… Quel cadeau, pas vrai ?", nous souffle Renée Zellweger en interview.
Habituée des transformations, l'actrice américaine a trouvé là ce que beaucoup qualifient de "rôle de sa vie". Un rôle à récompenses, sans aucun doute, qui lui a demandé un an de préparation et un dévouement à toute épreuve à Judy Garland. Épatante, elle porte le filme sur ses épaules pas si frêles. "Vous ne m'oublierez pas, hein ? Promettez-le moi", lance-t-elle à la foule à l'issue d'une communion en musique qui voit le public aider celle qui n'arrive plus à se produire. Mais une chose est sûre : la prestation habitée de Renée Zellweger, saluée par un Golden Globe et un Oscar, ne risque pas de tomber dans l'oubli.
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"Judy" de Rupert Goolde
avec Renée Zellweger, Jessie Buckley, Finn Wittrock et Rufus Sewell
en salles le 26 février