Pourquoi la réouverture des salles de cinéma fait un flop

Publié le 10 juillet 2020 à 17h35

Source : Sujet TF1 Info

BOX-OFFICE - Très attendue par le secteur, la réouverture des salles de cinéma le 22 juin n’a pas franchement atteint les résultats espérés. A tel point qu'en province, certains exploitants ont décidé de refermer provisoirement leurs portes. Explications.

L’alerte rouge n’est pas encore déclenchée… Mais ça ne saurait tarder. Depuis leur réouverture, le 22 juin dernier, les salles de cinéma françaises peinent à se remplir. Dans un sondage Médiamétrie réalisé quelques jours plus tôt, plus de 17 millions de spectateurs disaient vouloir se faire une toile au cours des quatre prochaines semaines. On est loin, mais alors très loin du compte. Après une première semaine à plus d’1 million d’entrées, la fréquentation semble en effet stagner, avec 837.463 entrées du 1er au 7 juillet. L’an dernier, sur la même période, les salles avaient attiré 3,8 millions de spectateurs. Soit une baisse spectaculaire de 78,5% !

Comment expliquer ce redémarrage décevant ? La capacité des exploitants à accueillir les spectateurs n’est pas franchement mise en cause. D’autant qu’à la veille de la réouverture, le gouvernement les a autorisés à faire entrer autant de spectateurs par salle qu’ils le souhaitent, contre la limite de 50% annoncée initialement. Seule restriction : s’éloigner d’un siège minimum si on ne connaît pas son voisin. Le port du masque, lui, n’est obligatoire qu’à la caisse et dans les couloirs.

L'ombre des blockbusters américains

Si la météo, plutôt clémente, a pu influer sur le comportement des spectateurs, le vrai problème réside dans la programmation des salles. Elle se limite jusqu’ici à des films déjà sortis au printemps (La Belle Epouse, De Gaulle, Invisible Man) et à des nouveautés qui s’adressent, pour la plupart, à un public très ciblé. La faute à un cinéma américain à l’arrêt, les majors retenant les grosses nouveautés de l’été comme Tenet et Mulan tant que les salles n’ont pas rouvert leurs portes outre-Atlantique…

 "Ce que nous voulons faire, c’est aider la production et la création de cinéma français, la hâter à travers le CNC (Centre national de la cinématographie - ndlr) pour faire en sorte qu’il y ait des films français qui sortent et qu’on ait envie de voir des choses nouvelles au cinéma", a estimé ce jeudi Roselyne Bachelot sur France Inter. Le joli démarrage de Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi donne en partie raison à la nouvelle ministre de la Culture. Avec 42.090 entrées mercredi dans toute la France, ce vrai faux-docu humoristique a réalisé le meilleur score parmi les sorties de la semaine.

Reste que le CNC, organisme public, peut difficilement contraindre les distributeurs, qui sont des sociétés privées, à bousculer leur calendrier. Si Divorce Club de Michael Youn et Eté 1985 de François Ozon sortent dès 14 juillet, il faudra encore patienter pour découvrir Effacer l’historique de Gustave Kervern et Benoît Delépine avec Blanche Gardin (26 août), Enorme avec Jonathan Coen et Marina Foïs (2 septembre), Police avec Virginie Efira et Omar Sy (2 septembre) ou encore La Daronne avec Isabelle Huppert (9 septembre). 

D’ici là, de nombreux exploitants pourraient être tentés refermer provisoirement plutôt que de perdre de l’argent avec des salles aux trois quarts en vide. C’est déjà le cas par exemple à Montluçon, dans l’Allier, où le patron du cinéma Le Palace a baissé le rideau ce mardi, après deux semaines de disette. Les cinémas Axel à Chalon-sur-Saône et Lons-le-Saunier en ont fait de même mercredi. A chaque fois, leurs propriétaires disent vouloir attendre deux semaines, ou plus, le temps d’avoir suffisamment de vraies nouveautés à proposer.


Jérôme VERMELIN

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